Les dirigeants de l'UE (Union européenne) ont donné lundi un coup de pouce à la Première ministre Theresa May dans un ultime effort pour tenter de convaincre les députés britanniques de voter mardi l'accord de Brexit, menacé d'un rejet.
Le gouvernement britannique a publié dans la matinée une lettre signée par le président du Conseil européen Donald Tusk et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et censée apporter de nouvelles assurances, notamment sur l'une des dispositions les plus controversées de l'accord : le "backstop" irlandais. Cette option de dernier recours, décriée par les "Brexiters", doit éviter le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord si aucune solution alternative n'était trouvée à l'issue d'une période de transition.
La lettre critiquée dès sa publication. "La Commission peut confirmer que, tout comme le Royaume-Uni, l'Union européenne ne souhaite pas que" cette disposition "entre en vigueur", assure la lettre, dont les clarifications ont "valeur légale". Mais les dirigeants européens précisent ne pas être "en position d'accepter quoi que ce soit qui modifie ou est contradictoire avec l'Accord de sortie".
Mais à peine publiée, la lettre était déjà critiquée : elle "n'apporte pas ce dont a besoin la chambre des Communes", a réagi sur la BBC Nigel Dodds, député du parti ultra-conservateur nord-irlandais DUP, dont le soutien est indispensable à Theresa May pour obtenir la majorité absolue au Parlement.
Theresa May rappelle "le devoir de mettre en oeuvre le résultat du référendum". La chambre des Communes votera mardi soir sur l'accord. Rejeter ce texte risque de compromettre le Brexit et de saper la démocratie, a déclaré la Première ministre dans une usine du bastion pro-Brexit de Stoke-on-Trent. "Nous avons tous le devoir de mettre en oeuvre le résultat du référendum (sur l'UE de juin 2016)", a-t-elle prévenu. Sinon, "cela causerait un préjudice catastrophique à la confiance du peuple dans le processus démocratique et dans ses responsables politiques".
Si le texte est effectivement recalé, le Royaume-Uni risque de quitter l'UE sans accord le 29 mars, un scénario redouté par les milieux économiques, ou plus probablement de ne pas quitter du tout le bloc européen, a développé Theresa May. La Première ministre doit s'exprimer dans l'après-midi devant le Parlement pour évoquer ces nouveaux éléments, a indiqué le ministre du Commerce international, Liam Fox. "J'espère que mes collègues les écouteront et reconnaîtront que la meilleure façon d'aller de l'avant est de soutenir l'accord", a-t-il déclaré, mettant lui aussi en garde contre les conséquences d'une sortie de l'UE sans accord.