La Première ministre britannique Theresa May pourrait renoncer à soumettre une troisième fois au vote des députés l'accord de retrait qu'elle a négocié avec l'Union européenne si elle n'obtient pas le soutien suffisant, ont déclaré dimanche deux de ses ministres.
"Cela dépendra de notre capacité à remporter ce vote à la Chambre des communes". Il n'est "pas certain" qu'un vote sera organisé, a déclaré sur la BBC le ministre des Finances Philip Hammond. "Nous ne présenterons de nouveau l'accord que si nous sommes sûrs qu'un nombre suffisant de nos collègues et du DUP [parti unioniste nord-irlandais, ndlr] sont prêts à le soutenir afin qu'il passe au Parlement", a-t-il ajouté. "Cela dépendra de notre capacité à remporter ce vote à la Chambre des communes", a déclaré en écho le ministre chargé du Commerce international Liam Fox sur Sky news, soulignant qu'il "serait difficile de justifier d'organiser un vote si on est sûrs de le perdre".
Le texte avait été recalé le 15 janvier, par 432 voix contre 202, puis mardi, par 391 voix contre 242. La Première ministre tente de convaincre les eurosceptiques purs et durs de son parti et les députés du petit parti unioniste nord-irlandais DUP, son allié au Parlement, qui trouvent son accord trop conciliant avec Bruxelles, de changer d'avis. Fidèle à sa réputation d'opiniâtreté, Theresa May a de nouveau supplié les parlementaires de la rallier, dans une tribune au Sunday Telegraph.
Un long report du Brexit forcerait l'organisation d'élections européennes fin mai. Si elle essuie un nouvel échec au Parlement, le Royaume-Uni pourrait "ne pas quitter l'Union européenne pendant des mois, si ce n'est jamais", a-t-elle prévenu, jouant la stratégie de la peur pour tenter de convaincre les députés réticents. Un long report du Brexit forcerait en outre le Royaume-Uni à organiser des élections européennes fin mai. "L'idée que les Britanniques se rendent aux urnes pour élire des députés européens trois ans après avoir voté pour quitter l'Union européenne est à peine supportable. Il ne saurait y avoir de symbole plus fort de l'échec politique collectif du Parlement", a écrit la cheffe du gouvernement.
Les travaillistes pourraient tenter de nouveau de renverser le gouvernement. Jugeant pour sa part "ridicule" que le texte soit présenté une troisième fois aux députés, le leader du Labour, principal parti d'opposition, Jeremy Corbyn, a prévenu que les travaillistes pourraient tenter de nouveau de renverser le gouvernement. Si le gouvernement présente l'accord de retrait aux députés, "je soupçonne qu'ils seront de nouveau battus", a déclaré sur Skynews Jeremy Corbyn. "Je pense qu'à ce stade une motion de défiance sera justifiée", a-t-il ajouté. Jeremy Corbyn discute par ailleurs avec des députés d'autres partis pour trouver une alternative sur le Brexit.