Le décompte est lancé. Dans moins de 48 heures les Britanniques prendront une décision qui pourrait changer le cours de leur histoire et celui de l’Union européenne. En janvier 2013, alors que la crise économique a renforcé le camp des eurosceptiques, David Cameron avait promis un référendum sur la question européenne s’il était réélu à la tête du gouvernement britannique en 2015. Trois ans plus tard, l’Europe retient son souffle avant une consultation qui doit décider du maintien, ou non, du Royaume-Uni au sein de l’UE.
La semaine dernière, deux sondages donnaient encore le Brexit gagnant à 52 ou 53 %. Mais le meurtre jeudi, à une semaine du référendum, en pleine rue, de la députée pro-UE Jo Cox a conduit à la suspension de la campagne, et fait perdre du terrain au camp du Brexit. L’ex-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, la conservatrice Sayeeda Warsi, a même estimé lundi dans les colonnes du Times que la campagne "répandait la haine et la xénophobie", évoquant une affiche polémique représentant une colonne de réfugiés barrée de la formule "breacking point" (point de rupture).
Brexit or Bremain ? Formé sur la fusion des deux termes de la formule Britain exit, (sortie de la Bretagne), le néologisme "Brexit", qui n’est pas sans rappeler le "Grexit" de la crise de la dette grecque, désigne le scénario de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, 44 ans après son adhésion en 1973. À l’inverse, le "Bremain", moins utilisé dans les médias, et qui s’appuie sur le verbe remain (rester), renvoie à un maintien de la couronne au sein des 28. Pour rappel, lors d’un premier référendum organisé en 1975 sur la même question, le maintien l’avait emporté à plus de 67%.
Comment se déroule la consultation ? Jeudi, les Britanniques seront soumis à la question suivante : "Le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l’Union européenne ou quitter l’Union Européenne ?" Pour répondre, ils devront cocher l’une des propositions suivantes : "rester un membre de l’Union européenne", ou "quitter l’Union européenne", détaille le Manchester EveningNews.
Les 382 bureaux de vote mis en place ouvriront à 7h du matin, et la consultation sera close à 22h, heure locale. Il sera donc 23h en France.
Qui vote ? Tous les citoyens majeurs britanniques et irlandais, ou de l’un des 53 pays du Commonwealth, résidents au Royaume-Uni depuis au moins 15 ans sont appelés à s’exprimer, ce qui ouvre le scrutin à deux autres nationalités européennes : les Chypriotes et les Maltais. Soit un total de plus de 45 millions d’électeurs potentiels.
Quand les résultats seront-ils connus ? Les bulletins seront ensuite acheminés vers 12 centres régionaux de comptage, qui déclareront chacun les résultats pour leur juridiction. Le total doit être annoncé par Jenny Watson, présidente de la Commission électorale, depuis l’hôtel de ville de Manchester. Selon la BBC, une estimation valable du résultat devrait être disponible vers 4h du matin (5h en France).
Et après ? L’article 49A du traité européen de Lisbonne, ratifié en 2009, autorise tout Etat membre à "se retirer de l’Union". En cas de victoire du Brexit, David Cameron devra donc notifier ses intentions au Conseil européen, s’en suivra une négociation entre l’UE et le Royaume-Uni, afin de conclure "un accord fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l’Union". L’entrée en vigueur de cet accord scelle le départ de l’Etat membre, à moins qu’un délai supplémentaire n’ai été convenu.