Le Brexit va-t-il être une nouvelle fois reporté ? Les dirigeants européens examinent mercredi la demande de Theresa May, qui a plaidé pour un délai au 30 juin. Objectif : écarter le spectre d'un "no deal", après des semaines de flottement. Une situation pesante pour les élus et personnel de Bruxelles.
"Ça commence à bien faire. J'ai l'impression d'être un perroquet depuis deux ans et de répéter la même chose", déplore Philippe Lamberts député écologiste belge en charge du Brexit. Budget, plans d’actions, réunion, législation... Le Brexit complique la tache de ceux qui font tourner les rouages de l’Union au quotidien. "Beaucoup d'efforts sont mis dans la préparation de tous les documents, des réunions, des sommets, avec des horaires à rallonge. C'est faire, défaire, refaire", pointe Alain, qui travaille pour les institutions européennes. "Il y a une envie de passer à autre chose".
Les 27 n'ont pas envie d'affronter un no deal
Pour autant, et même si les 27 s'agacent, ils n'ont pas envie d'affronter un no deal et de porter le chapeau d'une sortie sans accord, ils devraient donc lui laisser du temps. "Si les Britanniques veulent se suicider, qu’ils le fassent eux même", explique un diplomate européen.
Reste que le report du Brexit pourrait être différent de que ce que souhaite la Première ministre britannique. Pour éviter de revenir dans trois semaines à Bruxelles pour un nouveau sommet de crise, les Européens envisagent notamment un report plus long.
Un délai d'un an ?
C’est sur ce nouveau délai que les 27 vont plancher. Mardi, le président du Conseil européen, Donald Tusk, comme Angela Merkel, la chancelière allemande, ont plaidé pour un délai d'un an. Un tel report impliquerait la participation du Royaume-Uni aux élections européennes de mai et devrait recevoir l'aval unanime des 27.
La France n'est pas totalement sur la même ligne. Elle n'est"pas opposée" à un report, mais un an "paraît trop long", a fait savoir mardi l'Elysée. Paris demande des garanties sur les perspectives de négociation, un comité de suivi trimestriel pour suivre l’état des discussions et la promesse de ne pas perturber le fonctionnement de l’Union européenne pendant cette période. Et il restera encore des questions : que deviendront les futurs députés européens britanniques qui seront élus en mai ? Les institutions européennes permettent-elles de limiter le pouvoir d’un état membre pendant une période transitoire ? Et surtout, comment être sûr que d’ici un an, les Britanniques seront tombés d’accord entre eux sur leur sortie de l’UE ? Le feuilleton du Brexit est loin d’être terminé...