Le bilan de l'attaque menée contre l'état-major des forces armées du Burkina Faso à Ouagadougou, où l'ambassade de France et l'institut français ont également été visés, est lourd et devrait évoluer : les bilans officiel et de source sécuritaire française des attaques font état de 8 morts parmi les militaires et 12 blessés en état d'urgence absolue. Huit assaillants ont en outre été tués pendant ces attaques. Un précédent bilan établi vendredi par des sources sécuritaires françaises faisait état d'au moins 28 morts. Aucun blessé français n'est à déplorer.
Les attaques par plusieurs groupes d'hommes armés ont débuté dans la matinée et ont visé plusieurs endroits du centre de la capitale burkinabè, dont l'ambassade de France, l'Institut français et l'état-major des forces armées.
De source diplomatique, aucun ressortissant français n'a été tué ou blessé dans l'attaque contre l'ambassade. Le Parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "tentative d'assassinat terroriste". Vendredi soir, Emmanuel Macron a réaffirmé "le plein engagement de la France" au Sahel.
Les trois informations à retenir :
- Des hommes armés ont attaqué l'ambassade de France et s'en s'ont aussi pris à l'état-major des forces armées burkinabè
- Les bilans officiel et de source sécuritaire française des attaques font état de 8 morts parmi les militaires et 12 blessés en état d'urgence absolue.
- Aucun ressortissant français n'a été tué ou blessé
Que s'est-il passé à Ouagadougou ?
La France visée par une attaque. Vendredi matin devant l'ambassade de France, un correspondant de l'AFP a entendu des échanges de tirs intenses et vu un véhicule, celui des assaillants selon des témoins, en feu sur la chaussée. Selon des témoins, cinq hommes armés sont sortis d'une voiture et ont ouvert le feu sur des passants avant de se diriger vers l'ambassade de France dans le centre de la capitale du Burkina Faso. Sur place, l'ambassadeur de France au Burkina Faso, Xavier Lapdecab, a rapidement fait état d'une "attaque en cours" dans la ville, via un tweet posté vers 11h50. Il y incitait les Français à rester dans "un lieu sûr". Un autre ambassadeur français, Jean-Marc Châtaigner, a lui parlé d'une "attaque terroriste".
Attaque en cours à Ouagadougou. Consignes de prudence absolue à tous les compatriotes de rester dans un endroit sûr.
— Xavier Lapdecab (@XavierLapdecab) 2 mars 2018
L'un de témoins interrogé par l'AFP a qualifié les assaillants "d'imbéciles" qui, "avec des kalachs (...) ont commencé à ouvrir le feu sur les gendarmes qui étaient dans la guérite" devant l'ambassade. Ils étaient "habillés en civil, même pas cagoulés, à visage découvert". Selon une source à l'intérieur de l'ambassade, cinq hommes armés auraient essayé de pénétrer dans le bâtiment, sans y parvenir. Ils ont alors ouvert le feu sur l'ambassade. Vers 14 heures, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a assuré à LCI que la situation était "sous contrôle".
L'intervention de militaires français. Il a indiqué que des militaires français sont intervenus contre les assaillants en "collaboration" avec les forces de sécurité burkinabè. Il n'a pas précisé s'il s'agissait des Français chargés de la sécurité de l'ambassade ou de soldats des forces spéciales françaises basées à l'aéroport de Ouagadougou. "Les forces françaises au Burkina sont intervenues en soutien à l'action de l'armée burkinabé, elles n'ont pas pris part directement à l'action", a affirmé le porte-parole de l'État-major de l'armée française, le colonel Patrick Steiger.
Urgent #Burkina : des coups de feu entendus ce vendredi matin aux alentours à Koulouba à Ouagadougou où abrite l'ambassade de France et le Premier Ministère pic.twitter.com/KHe41LyX87
— Burkinatv (@Burkina_tv) 2 mars 2018
Une voiture piégée près de l'état-major des armées. L'explosion qui a frappé l'état-major général des armées provenait d'une voiture piégée et visait "peut-être" une réunion du G5 Sahel, a déclaré vendredi soir le ministre burkinabè de la Sécurité Clément Sawadogo. "Le véhicule était bourrée d'explosifs, la charge était énorme" et a occasionné "d'énormes dégâts". "Il y avait une réunion sur le G5 Sahel", "peut-être qu'elle était visée", a déclaré le ministre lors d'un point presse.
Qui est à l'origine des tirs entendus ?
Une attaque au "relent terroriste très fort". Les attaques qui ont visé vendredi l'ambassade de France à Ouagadougou et l'état-major général des armées burkinabè ont un "relent terroriste très fort", a déclaré le ministre de l'Information Rémis Fulgance Dandjinou à la télévision d'état RTB. "Quatre assaillants ont été neutralisés" à l'ambassade de France où la "situation" était "maîtrisée", a indiqué le ministre. À l'état-major, "il y a eu une attaque à l'explosif qui a détruit un pan" du bâtiment. L'explosion a causé "un certain nombre de blessés parmi les gendarmes et militaires en faction", a ajouté Rémis Fulgance Dandjinou. "Deux assaillants ont été neutralisés" par la suite. "La sécurisation de l'état-major continue pour l'instant", a-t-il souligné.
Neuf assaillants tués. Au total, au moins neuf "terroristes" ont été tués dans ces attaques qui ont aussi fait sept morts chez les forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale. Il n'y a "pas de victime civile à ce stade", a précisé le ministre. Enfin il a indiqué que "des hommes sont intervenus dans le cadre de la sécurité française", en "collaboration" avec les forces de sécurité burkinabè, sans préciser s'il s'agissait des Français chargés de la sécurité de l'ambassade ou de soldats des forces spéciales françaises basées à l'aéroport de Ouagadougou.
Y'a-t-il des victimes ?
Plus de trente morts dans l'attaque de l'état-major des armées. Au moins 28 personnes ont été tuées vendredi dans l'attaque contre l'état-major des armées du Burkina Faso dans la capitale Ouagadougou, selon plusieurs sources sécuritaires interrogées par l'AFP. Deux d'entre elles ont fait état d'un bilan de 28 morts, et une autre source a évoqué un bilan d'"une trentaine" de morts dans l'attaque. Deux de ces sources sont françaises et la troisième ouest-africaine.
Pas de victime française. Aucun ressortissant français n'a été tué ou blessé dans l'attaque, a indiqué une source diplomatique française. "Il n'y a pas de victime française", a précisé cette source à l'AFP. La situation est "sous contrôle" à l'ambassade de France et à l'Institut français, avait précisé auparavant l'entourage de Jean-Yves Le Drian.
Burkina Faso - #Ouagadougou - Déclaration de @JY_LeDrian : pic.twitter.com/vpTE6a01ZD
— France Diplomatie (@francediplo) 2 mars 2018
Ouverture d'une enquête pour tentative d'assassinats terroriste. Quelques heures après l'attaque, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour tentative d'assassinats terroriste. "Une enquête de flagrance a été ouverte pour tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle", a précisé le parquet, compétent car l'attaque a visé des ressortissants et des intérêts français. Les investigations ont été confiées à la Direction générale des services intérieurs (DGSI) et aux policiers de la Sous-direction antiterroriste (Sdat).
Depuis 2015, 133 morts en 80 attaques au nord du Burkina Faso
Les attaques de groupes djihadistes contre des représentants de l'État (gendarmeries, écoles notamment) sont régulières dans le nord du pays, frontalier des zones instables du Mali. Le 13 août 2017, deux assaillants avaient ouvert le feu sur un café-restaurant, faisant 19 morts et 21 blessés. L'attaque n'avait pas été revendiquée. Le 15 janvier 2016, trente personnes avaient été tuées lors d'un raid contre l'hôtel le Splendid et un restaurant dans le centre de Ouagadougou. L'assaut, donné par les forces burkinabè soutenues par des militaires français, avait duré une douzaine d'heures. Le 3 février, un assaillant a été tué lors d'une embuscade tendue par des hommes armés contre une patrouille de policiers à Déou, localité située dans le nord du Burkina Faso, frontalière au Mali. Le nord du Burkina Faso est le théâtre d'attaques djihadistes depuis le premier trimestre 2015, qui ont fait 133 morts en 80 attaques, selon un bilan officiel.