Les bureaux de vote ont officiellement ouvert mardi matin au Burundi. Les Burundais se rendent aux urnes pour l'élection présidentielle, alors que le président Pierre Nkurunziza, dans l’œil du cyclone depuis de longs mois, est assuré de remporter un troisième mandat controversé. Sa candidature, jugée contraire à la Constitution par ses opposants, a plongé le petit pays d'Afrique de l'Est dans sa plus grave crise depuis dix ans.
Une grenade a explosé lundi. Des explosions et des tirs ont retenti dans la nuit de lundi à mardi, rappelant le climat délétère d'un scrutin, jugé non crédible par la communauté internationale. Deux personnes sont mortes dans ces violences. Willy Nyamitwe, principal conseiller en communication du président Nkurunziza, a dénoncé des "actes terroristes", visant "à intimider les électeurs". Une grenade avait déjà explosé lundi en fin d'après-midi au coeur de la capitale, sans faire de victime. A quelques heures de l'ouverture du scrutin, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé les autorités burundaises à "tout faire pour assurer la sécurité et la tenue pacifique" de l'élection présidentielle. Il invite "toutes les parties à s'abstenir de commettre toute forme de violence qui pourrait compromettre la stabilité du Burundi et de la région".
Un président dans l’œil du cyclone. Quelque 3,8 millions de Burundais sont appelés aux urnes entre 6h et 16h locales. Un scrutin boycotté par l'opposition qui dénie le droit à Pierre Nkurunziza, élu en 2005 et en 2010, de briguer un nouveau mandat et dénonce un "simulacre d'élection", dont elle a demandé sans succès le report. La candidature de Pierre Nkurunziza a plongé depuis fin avril le Burundi dans une profonde crise politique, émaillée de violences qui ont fait plus de 80 morts. Les autorités burundaises ont déjoué à la mi-mai une tentative de coup d'État militaire et étouffé à la mi-juin un mois et demi de manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura, la capitale, par une répression brutale. Mais le pays a connu depuis une série d'attaques à la grenade et, depuis dix jours, des combats et escarmouches entre armée et rebelles dans le nord du pays, près de la frontière avec le Rwanda
Le boycott de l'opposition. Après la très large victoire sans surprise du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, aux législatives et communales du 29 juin, déjà boycottées par l'opposition, la victoire de Pierre Nkurunziza ne fait aucun doute, selon les observateurs. En face, ne restent que trois candidats issus de petites formations réputées alliées au pouvoir, en plus de son principal opposant, Agathon Rwasa, qui n'a pas retiré officiellement sa candidature, mais conteste à l'avance la légitimité du scrutin et dit n'avoir pas fait campagne. Les trois autres candidats enregistrés - Jean Minani, président du parti Frodebu-Nanyuki (opposition), et les deux anciens chefs de l'Etat Domitien Ndayizeye et Sylvestre Ntibantunganya, tous trois opposés à un troisième mandat de M. Nkurunziza - se sont eux retirés de la course, dénonçant "une mascarade" et une élection "pas aux normes (...) internationales".