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Canada : politicien de carrière, populiste, grande gueule... Qui est Pierre Poilievre, le probable futur Premier ministre ?

Alexandre Bozio - Mis à jour le . 3 min
Pierre Poilièvre, le grand favori à la succession de Trudeau
Pierre Poilièvre, le grand favori à la succession de Trudeau AFP / © AFP or licensors

La récente démission de Justin Trudeau du poste de Premier ministre canadien a ouvert la voie à une nouvelle gouvernance. Son principal adversaire et successeur annoncé par les sondages, Pierre Poilievre, est le chef du Parti conservateur.

Comme une odeur de fin de règne. Après presque 10 ans à la tête du pays, le premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé lundi sa démission, tout en indiquant qu'il resterait au pouvoir jusqu'à ce que son parti lui désigne un successeur. Malgré une image positive à l'international et des réformes emblématiques comme la légalisation du cannabis, la taxe carbone ou la mise en place de l'aide médicale à mourir, son mandat a été assombri par une crise politique persistante.

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Lâché par ses soutiens, l'ancien ministre de la Jeunesse (2015-2019) aura donc multiplié les couacs, notamment en termes de communication, qui finiront par lui couter son poste. D'autant plus que sa volonté de se maintenir au pouvoir, malgré une pression populaire de plus en plus forte, va laisser son Parti libéral dans un état critique... Et ouvrir de facto les portes du pouvoir à son adversaire politique : le Parti conservateur mené par le sulfureux Pierre Poilievre. 

Un changement de gouvernance assurée

C'est une quasi-certitude. La démission de Trudeau devrait permettre à l'actuel chef de l'opposition de devenir Premier ministre. Pour résumer les prochaines échéances, le Parti libéral va devoir, dans les prochains mois, proposer un nouveau chef qui passera devant le Parlement une sorte de déclaration de politique générale. Désormais minoritaire au sein de la Chambre des communes, les libéraux vont donc faire face à une motion de censure, ouvrant la voie à de nouvelles élections législatives. Les premiers sondages sont sans appel : le parti dirigé par Pierre Poilievre devrait largement l'emporter. 

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À 45 ans, ce politicien pur jus a déjà une grande expérience. Militant dès l'âge de 14 ans, et ce, malgré une enfance compliquée, Pierre Poilievre a su profiter de l'union de la droite qui aura lieu dans son pays en 2003. Proche du chef du parti, il devient, a seulement 25 ans, député sous la bannière du Parti conservateur. Connu pour ses propos tranchants, son style provocateur et adepte des phrases chocs, il se fait rapidement un nom, propulsé par son agressivité et son image de dur à cuire. Il saura très vite faire parler de lui. Ministre à plusieurs reprises entre 2013 et 2015, il gravit les échelons à une vitesse fulgurante. L'arrivée au pouvoir de Justin Trudeau en 2015 stoppera sa progression express et Pierre Poilievre quittera alors les devants de la scène.

Un retour en grâce

Après quelques années dans l'ombre, c'est en 2021 que Pierre Poilievre retrouve une position centrale. Le politicien pugnace est de retour et prend la tête de son parti l'année suivante. "Il comprend les codes du discours populiste et il en joue", confie Thierry Giasson, directeur du Département de science politique de l’Université de Laval. "Néanmoins, il n'y a pas que des populistes dans son parti. Il y a toutes sortes de mouvements, aussi bien des gens qui sont de la droite hyper conservatrice, presque d'extrême droite, mais aussi ceux qu'on appelle 'Les Red Tories' conservateurs sur le plan économique, mais progressistes en termes de politique sociale", détaille le politologue. 

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Anti-woke assumé et proche des cercles libertariens, Pierre Poilievre a forgé un programme qui fait écho à une vision radicalement différente du Canada que celle défendu par Trudeau. Son objectif principal : l’équilibre budgétaire, qu'il entend atteindre par un désengagement massif de l'État dans l'économie. Sa proposition phare ? La suppression de la taxe carbone, qu’il juge nuisible pour les Canadiens. En matière de sécurité, il promet de durcir le système pénal, rétablissant des peines minimales obligatoires et des peines d’emprisonnement successives. Poilievre s’attaque également à la crise du logement, une priorité qu'il met en avant pour séduire les milieux populaires. Un programme de rupture, à la fois conservateur et populiste. 

Son discours fait mouche, et il assume sa volonté de revenir "à un sens commun en matière de valeurs et d'identité. Il faut rappeler aux gens, quand ils arrivent ici, qu'ils sont d'abord Canadiens. Le Canada d'abord", a-t-il assuré lors d'une récente interview avec un média local. Une ressemblance avec Donald Trump ? Malgré une attirance pour les phrases chocs à l'instar du prochain président américain, Pierre Poilievre demeure un défenseur du modèle multiculturel canadien et l'immigration n'a qu'une place minime dans son projet politique. Sa position reste aussi assez floue sur certains sujets, notamment sur celui de l'environnement. Une chose est sûre, il compte bien se démarquer des dix années Trudeau.