Il jette l'éponge. Quatre mois après son départ de Catalogne pour Bruxelles pour échapper à la justice espagnole, le président catalan Carles Puigdemont renonce à briguer un second mandat. Pour autant, le conflit avec Madrid est loin d'être terminé.
"Politique d'occupation". Devant la pression de la justice - c'est la prison s'il rentre en Espagne - et celle d'une partie de son camp qui souhaite un retour à la normale au plus vite, Carles Puigdemont a fini par céder. Il a beau expliquer qu'il continuera "à travailler pour la mise en oeuvre de la République catalane" depuis Bruxelles, il ne retrouvera jamais son siège de président de la Catalogne : "Je pense que c'est la seule manière de pouvoir former le plus vite possible un gouvernement. Avec la décision que j'ai prise, Madrid n'aura plus aucune excuse pour maintenir sa politique d'occupation de nos institutions, pour imposer sa vision colonialiste sur notre futur."
Un détenu pour remplacer un exilé. En réalité, ce retrait ne résout quasiment rien. Pour lui succéder, Puigdemont a choisi un dirigeant indépendantiste actuellement incarcéré à Madrid, Jordi Sanchez. Un détenu pour remplacer un exilé, voilà qui annonce un nouveau conflit politico-judiciaire. Car a priori, Jordi Sanchez n'obtiendra pas l'autorisation de la justice pour participer à la session d'investiture. En attendant, la suspension de l'autonomie catalane, qui ne devait durer que quelques semaines, s'éternise depuis quatre longs mois. La Catalogne est bel et bien sous la tutelle madrilène.
Des conséquences commerciales. Le blocage de la région est tel que le salon international du téléphone mobile, un événement incontournable à Barcelone, pourrait bien avoir connu sa dernière édition à Barcelone. Devenu vital pour l'économie locale, il avait été organisé avec soin avec des couloirs de taxi, des hôtels et des restaurants aux petits soins. Grâce à cette préparation, l'événement qui génère en quatre jours près de 500 millions d'euros de recettes, n'a pas été très perturbé par la crise politique. Pourtant, dimanche soir, la maire de Barcelone et le président du parlement catalan ont refusé de recevoir le roi Felipe VI. Pour Madrid, ce nouvel affront qui s'ajoute aux manifestations, risque de mettre en péril la continuité de l'événement dans la capitale catalane, alors que la crise a déjà provoqué le départ de 4.000 entreprises.