"La priorité de mon gouvernement est de réaliser le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne le 31 janvier 2020." C'est par ces mots qu'Elisabeth II a commencé son discours, jeudi, devant le Parlement britannique. Un Parlement renouvelé et peuplé de conservateurs, après la large victoire de ces derniers jeudi dernier, lors des élections législatives. Quant au discours de la reine, s'il a bien été lu par la souveraine, comme le veut la tradition, il émane en réalité de Downing Street et des services du Premier ministre, Boris Johnson.
Un divorce des plus rapides
D'une voix monocorde, Elisabeth II a donc égrené les promesses du chef de file des Brexiters. D'abord, la présentation d'une loi d'application de l'accord de divorce négocié avec les 27 aux députés dès vendredi 20 décembre. Puisque les conservateurs ont désormais la majorité, l'adoption de cette loi d'application après les fêtes de fin d'année, à la mi-janvier 2020 probablement, ne fait que peu de doute.
Cette loi établit une période de transition, pendant laquelle toutes les modalités du Brexit doivent être réglées. Période qui, souhaite Boris Johnson, durera un an, jusqu'à la fin 2020. Et pas plus. Ce qui, déjà, inquiète à Bruxelles, où ce délai est jugé très restreint (les 27 avaient accepté de l'étendre jusqu'à 2022). Cela fait ressurgir les craintes d'une sortie sans accord un "no deal" qui, a prévenu l'Union européenne jeudi, aurait "plus d'impact sur le Royaume-Uni" que sur les Européens.
Cette loi garantit par ailleurs la protection des citoyens européens, suisses et appartenant à l'Espace économique européen (Norvège, Islande) qui sont déjà installés au Royaume-Uni pendant ladite période de transition. Tous ces citoyens-là pourront conserver leur droit de séjour. Les ministres "commenceront aussi des négociations commerciales avec d'autres économies mondiales de premier plan", a indiqué le gouvernement, qui lorgne en premier lieu sur les États-Unis.
Santé et immigration à points
Mais le Brexit n'était pas le seul sujet du discours. Boris Johnson, qui a séduit un électorat populaire dans des régions votant jusqu'alors pour les travaillistes, revendique être à la tête d'un "gouvernement du peuple" chargé de répondre aux aspirations des Britanniques en matière de services publics, de justice sociale ou encore d'infrastructures.
Il a donc insisté jeudi sur sa volonté d'augmenter à coup de milliards les moyens du système public de santé (NHS), gratuit et chéri des Britanniques, mais affaibli par des années d'austérité conservatrice. Le dirigeant prévoit aussi, dans son programme législatif fourni, d'instaurer un système d'immigration à points, de durcir les peines de prison pour les infractions terroristes et d'instaurer un service minimum dans les transports en cas de grève.