Le Tribunal constitutionnel du Chili a donné lundi son feu vert à la loi dépénalisant l'avortement thérapeutique, ultime étape mettant fin à près de 30 ans d'interdiction totale de l'IVG, comme c'est encore le cas dans 18 pays à travers le monde. La loi, fruit d'intenses débats durant deux ans et demi, avait déjà été approuvée début août par la Chambre des députés puis par le Sénat, mais la droite conservatrice avait saisi le Tribunal constitutionnel en invoquant une atteinte au principe du droit à la vie figurant dans la Constitution.
Une victoire pour les associations. Le Tribunal constitutionnel a rejeté "les deux recours (déposés par la droite, ndlr) par six votes contre quatre", a déclaré son secrétaire général Rodrigo Pica lors d'une conférence de presse. Jusqu'ici, l'avortement n'était autorisé au Chili dans aucune circonstance. Après ce feu vert, il reste selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) 18 pays dans le monde interdisant totalement l'avortement, parmi lesquels Haïti, le Congo et le Vatican. Cette décision représente une victoire politique pour la coalition de centre gauche de la présidente Michelle Bachelet et pour les associations qui militaient depuis des années pour la levée de sa stricte interdiction.
Trois cas précis. Une fois que la loi sera promulguée par la présidente, l'avortement sera possible dans trois cas précis : pour les femmes dont la vie est en danger, pour les victimes de viols, et pour les femmes dont le foetus est jugé non viable. Cette dépénalisation, soutenue selon des sondages par 70% de la population, marque un changement de société majeur au Chili, l'un des derniers pays développés à avoir reconnu le divorce en 2004.