La veuve du dissident chinois Liu Xiaobo est arrivée mardi à Berlin, retrouvant la liberté huit ans après l'attribution à son mari du prix Nobel de la paix, qui lui a valu de vivre depuis en résidence surveillée. L'avion à bord duquel se trouvait Liu Xia, qui n'a jamais été condamnée pour aucun motif, a atterri peu avant 15 heures à l'aéroport berlinois de Tegel, presque un an jour pour jour après la mort de Liu Xiaobo, le 13 juillet 2017, peu après sa sortie de prison.
Un comité de bienvenue. Cette femme de 57 ans s'est ensuite engouffrée dans une fourgonnette qui l'attendait sur le tarmac, sans faire de déclarations. Parmi les personnes venues lui souhaiter la bienvenue à l'aéroport, figuraient l'écrivain chinois en exil Liao Yiwu et la lauréate du prix Nobel de littérature 2009, l'Allemande Herta Müller, selon la même source. La poétesse aux cheveux ras, qui avait fait brièvement escale à Helsinki, souhaitait se rendre depuis plusieurs années dans la capitale allemande afin d'y retrouver des proches.
Les prisonniers d'opinion. La porte-parole du département d'Etat américain, Heather Nauert, a salué dans un tweet la permission donnée par Pékin à Liu Xia de quitter le pays et "exhorté la Chine de libérer tous les prisonniers d'opinion et de respecter les droits de l'homme et les libertés fondamentales de tous". Peu après, un tribunal chinois annonçait la condamnation à treize ans de prison d'un vétéran de la dissidence, Qin Yongmin, 64 ans, arrêté en 2005 pour rassemblement illégal. Qin Yongmin a déjà passé 22 ans de sa vie en prison ou en camps de travail, notamment pour avoir tenté en 1998 de déposer les statuts d'un "Parti démocrate chinois".
Onze ans de prison pour "subversion". Pékin avait confirmé le départ de Chine de Liu Xia, précisant qu'elle allait en Allemagne pour y suivre "un traitement médical". Selon des proches, elle souffre d'une grave dépression. Son mari Liu Xiaobo, figure des manifestations de Tiananmen pour la démocratie, avait été condamné en 2009 à onze ans de prison pour "subversion" pour avoir cosigné un appel en faveur d'élections libres en Chine. Le régime communiste avait très mal pris l'octroi du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo l'année suivante et rejeté les appels des pays occidentaux à sa libération, y compris lorsque le dissident s'était vu diagnostiquer un cancer du foie en 2017.
Hospitalisé mais empêché de quitter la Chine pour être soigné à l'étranger, Liu Xiaobo est décédé le 13 juillet 2017 à l'âge de 61 ans dans un hôpital chinois, quelques semaines après avoir été placé en liberté conditionnelle pour raisons de santé.