Dans le nord-ouest, à Loutzouo, c’est tout un village qui a été frappé par une double malédiction. D’abord il y a eu la sécheresse. Puis, pour préserver les ressources en eau, les autorités chinoises ont interdit à tous ses habitants d’utiliser la moindre goutte d’eau pour leurs cultures. Alors, ils ont été déplacés. 6.000 paysans déclarés "migrants écologiques" évacués de force. Et toutes leurs fermes ont été rasées.
" "Ils nous ont dit qu’on allait être réinstallés dans un endroit meilleur" "
"Ils sont venus un jour et ils nous ont dit qu’on allait être réinstallés dans un endroit meilleur, où il y a de l’eau. Ils nous ont promis 66 mètres carrés de terres chacun et des petites serres pour faire pousser des légumes. Mais en fait on n’a rien eu de tout ça", raconte monsieur Ma, au micro d’Europe 1. "On attend toujours et moi je suis trop vieux pour aller chercher du travail en ville. Il n’y a rien ici. Pas de travail !", dénonce l’homme qui a dû quitter son village.
Un village qui a été reconstruit de toutes pièces, 500 kilomètres plus loin que son emplacement initial, en plein milieu de la steppe dans des maisons toutes identiques et numérotées. Au 42, on trouve Madame Wang Wu Yin qui, pour survivre, fait quelques ménages en ville contre à peine 10 euros par jour, sans aucun espoir dit-elle de retourner à sa vie d’avant.
"Pour moi, c’est trop tard, maintenant. Mais j’espère qu’à l’avenir on pourra trouver un moyen d’éviter de déplacer d’autres villages tout entiers. Moi j’ai perdu ma maison et les autorités nous empêchent d’y retourner en disant que c’est pour notre bien. J’envie tous ceux qui ont encore leurs champs et leurs animaux parce que les gens doivent continuer à pouvoir vivre de leurs terre", regrette la vieille dame.
Une situation que l’on retrouve dans toute la Chine. 350.000 paysans pour la plupart. Toujours déplacés de force au nom de la sauvegarde de l’environnement décrétée par les autorités de Pékin.