C’est un virus qui inquiète l’Organisation mondiale de la santé. Une mystérieuse pneumonie est apparue en Chine le mois dernier, contaminant plusieurs centaines de personnes et faisant deux morts. Si les autorités chinoises se veulent rassurantes, l’épidémie fait craindre la réapparition d’un virus de type Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère), hautement contagieux, et qui avait tué 650 personnes en Chine en 2002-2003. Plusieurs pays, dont les États-Unis et la Thaïlande, s’en inquiètent et ont déjà pris des mesures préventives pour éviter toute propagation.
Quel est ce virus et d’où vient-il ?
La souche incriminée est un nouveau type de coronavirus, une famille comptant un grand nombre de virus. Ils peuvent provoquer des maladies bénignes chez l'homme (comme un rhume) mais aussi d'autres plus graves comme le Sras. Les autorités chinoises ont toutefois écarté une réapparition de ce dernier virus.
Cette mystérieuse pneumonie est apparue le mois dernier dans la ville de Wuhan, au centre du pays, peuplée de plus de 11 millions d’habitants. L'enquête des autorités chinoises a permis de localiser le foyer de l'épidémie sur un marché spécialisé dans la vente en gros de fruits de mer et de poissons, où travaillaient plusieurs patients. Le marché a été fermé le 1er janvier.
La mystérieuse pneumonie virale apparue dans le centre de la Chine, et dont le virus appartient à la même famille que le Sras, a fait une seconde victime, selon les autorités sanitaires #AFPpic.twitter.com/P3aAfxOIoc
— Agence France-Presse (@afpfr) January 17, 2020
Combien de personnes sont contaminées ?
Au moins 45 malades ont été recensés, tous à Wuhan, selon le dernier bilan fourni par la Chine. Deux personnes sont mortes pour le moment, dont un homme de 69 ans, tombé malade le 31 décembre et qui a vu son état de santé s'aggraver cinq jours plus tard. Selon la Commission de la santé de Wuhan, la majorité des patients sont des hommes, la plupart d'un certain âge.
Mais le virus a probablement contaminé des centaines de personnes de plus que le chiffre officiel, selon des scientifiques d'un centre de recherches de l'Imperial College à Londres, qui conseille des institutions comme l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ils affirment dans une étude que 1.723 personnes contaminées est un chiffre bien plus probable. Ce bilan tient compte de l'ensemble des informations alors disponibles au 12 janvier. Trois cas, deux en Thaïlande et un au Japon, ont également été recensés.
"Pour que Wuhan ait exporté trois cas vers d'autres pays, il faut qu'il y ait beaucoup plus de cas que ce qui a été annoncé", a expliqué à la BBC le professeur Neil Ferguson, l'un des auteurs de l'étude. "Je suis nettement plus préoccupé que je ne l'étais il y a une semaine", a-t-il ajouté.
Pourquoi suscite-t-il l’inquiétude ?
Cette épidémie fait craindre la résurgence d’un virus de type Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère), hautement contagieux, qui avait tué quelque 650 personnes en Chine continentale et à Hong Kong en 2002-2003. L'inquiétude est désormais perceptible à l'étranger où les mesures de prévention se multiplient. Dernière en date : les États-Unis ont annoncé qu'à partir de vendredi ils commençaient à filtrer les vols en provenance de Wuhan à San Francisco, à New York et à Los Angeles. Les passagers seront examinés par les équipes médicales mais pas systématiquement soumis à un prélèvement.
La Thaïlande a également renforcé les contrôles dans ses aéroports à l'approche des festivités du Nouvel an lunaire (25 janvier). A cette occasion, des centaines de millions de Chinois empruntent bus, trains et avions pour aller passer les fêtes en famille. Beaucoup vont également en vacances en Asie du sud-est. Les autorités de Hong Kong ont renforcé leurs mesures de contrôle aux frontières.
Malgré tout, les autorités sanitaires locales se sont voulues rassurantes cette semaine : selon elles, le risque d'une transmission du virus entre humains, s'il n'est "pas exclu", est jugé "faible". Et pour l'heure, les déplacements en Chine ne font l'objet d'aucune restriction mais le sujet était largement commenté sur le réseau social Weibo. "Ce virus est incroyable, il peut aller à l'étranger mais rester confiné" à Wuhan, ironisait un internaute pendant que certains soupçonnaient les autorités de minimiser la gravité de la situation.