Les dirigeants du G7 ont acté samedi à Taormina, en Sicile, leur division sur le climat, les Etats-Unis de Donald Trump, inflexibles, refusant de s'engager en faveur de l'accord de Paris contre le réchauffement climatique. "La discussion a été franche, peut-être plus franche que lors des précédents sommets", a reconnu devant la presse le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni, dont le pays préside actuellement le G7. Mais en dépit des pressions répétées des Européens (Allemagne, France, Italie, Grande-Bretagne et Union européenne), du Canada et du Japon, Donald Trump n'a pas cédé. Un accord a, en revanche, été trouvé sur le protectionnisme et le commerce, deuxième sujet le plus épineux de ce sommet (voir encadré).
Climat : Trump prendra sa décision la semaine prochaine. "Les Etats-Unis d'Amérique sont en train de réévaluer leur politique sur le changement climatique et sur l'Accord de Paris et ne sont donc pas en mesure de rejoindre le consensus sur ce sujet", indique la déclaration finale. "Prenant acte de ce processus, les chefs d'Etat et de gouvernement du Canada, de France, d'Allemagne, d'Italie, du Japon et du Royaume-Uni ainsi que la commission européenne réaffirment leur engagement à rapidement mettre en oeuvre l'accord de Paris", ajoute le texte.
La déclaration finale de ce sommet, débuté vendredi dans la prestigieuse station balnéaire sicilienne, constate donc la désunion sur la question du réchauffement climatique, une première après des dizaines de communiqués du G7 affirmant la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. "Je prendrai ma décision finale sur l'accord de Paris la semaine prochaine !", a tweeté le président américain au moment même où s'achevait le sommet du G7.
I will make my final decision on the Paris Accord next week!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 27 mai 2017
Merkel "pas du tout satisfaite". Alors que certaines délégations s'employaient à minimiser cette décision "attendue", la chancelière allemande Angela Merkel a été beaucoup plus directe. "Toute la discussion sur le sujet du climat a été très difficile, pour ne pas dire pas du tout satisfaisante", a déclaré Mme Merkel devant la presse. "Nous avons ici une situation à six contre un, ce qui signifie qu'il n'y a encore aucun signe quant à savoir si les Etats-Unis resteront ou non dans l'accord de Paris" sur le climat, a-t-elle déploré.
Pour Macron, Trump "a pris conscience des enjeux". Le président français, qui s'est entretenu avec son homologue américain la veille, s'est montré quant à lui beaucoup plus optimiste. "Il y a quelque semaines encore, on pensait que les Etats-Unis allaient quitter le cadre des accords de Paris (sur le climat-NDLR) et qu'aucune discussion ne serait possible", a estimé le chef de l'Etat à l'issue de la réunion de Taormine. "Je considère qu'il y a eu un progrès et qu'il y a eu une vraie discussion et de vrais échanges. Et je pense que les arguments qui ont été mis en lumière par les six autres Etats membres ont été extrêmement complémentaires et, je crois, ont permis à M. Trump de prendre conscience de l'importance de cet enjeu et de sa nécessité, y compris pour sa propre économie."
Commerce : un accord de lutte contre le protectionnisme
Les dirigeants du G7, réunis vendredi et samedi en sommet à Taormina (Sicile), ont décidé dans une déclaration commune de lutter contre le protectionnisme, mais aussi contre toutes les "mauvaises pratiques commerciales". "Nous réitérons notre engagement à garder nos marchés ouverts et à lutter contre le protectionnisme, tout en restant fermes face à toutes les mauvaises pratiques commerciales", indique le texte de cette déclaration, publiée à l'issue de ce sommet.
"En même temps, nous reconnaissons que le commerce n'a pas toujours été fait au bénéfice au tous. Pour cette raison, nous nous engageons à adopter des politiques appropriées de telle manière à ce que toutes les entreprises et tous les citoyens puissent profiter au mieux de toutes les opportunités offertes par l'économie globale", ajoute le texte. Donald Trump, qui prône un certain nationalisme économique pour favoriser le "made in America", a décidé fin avril le "réexamen" de tous les accords commerciaux signés par les Etats-Unis, dont celui de l'OMC, afin de lutter contre les "violations et abus" qu'ils entraînent, selon lui.
Depuis son arrivée au pouvoir, l'administration Trump a critiqué le système de règlement des conflits de l'OMC, son outil clé pour éviter des guerres commerciales, et aurait même, selon la presse américaine, envisagé d'ignorer purement et simplement ses décisions, menaçant de facto la fonction même de l'OMC