Combats à Goma, manifestations à Kinshasa... Que se passe-t-il en République démocratique du Congo ?
La situation a pris un nouveau tournant dans l'Est de la République démocratique du Congo. Cette semaine, Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu est tombée aux mains des rebelles de M23, un groupe armé opposé à Kinshasa et soutenu par le Rwanda. Conséquence directe, des centaines de milliers de personnes ont fui la zone face aux combats avec les forces armées congolaise.
La situation est chaotique en République Démocratique du Congo. Ce grand pays d'Afrique central connait depuis plus d'une trentaine d'années un conflit dans l'Est de son territoire, dans la province du nord du Rwanda. La RDC accuse le Rwanda de vouloir exploiter les ressources naturelles de la région du Nord-Kivu. Sous la forêt, le sous-sol regorgerait de cobalt ou encore d'autres métaux indispensables pour faire des batteries ou des piles, mais aussi des matériaux pour la téléphonie ou encore l'aérospatiale.
Si le conflit perdure dans le temps, il s'est intensifié dans la région depuis presque trois ans, avec des affrontements qui font rage entre l'armée congolaise et le groupe armé M23 (ou mouvement du 23 mars, en référence à un accord de paix signé en 2009 entre une milice pro-tutsie et la RDC ndlr), soutenu par 3.000 ou 4.000 soldats de l'armée rwandaise selon l'ONU. Et depuis quelques semaines, les événements se sont accélérés, notamment en début de semaine avec la chute de la ville de Goma, capitale de la région. En effet, ce mercredi, le groupe rebelle contrôlait la quasi-totalité de la commune et des villes aux alentours, ainsi que l'aéroport.
Près d'un demi-million de déplacés
Une nouvelle victoire pour le groupe rebelle vécue comme une véritable déclaration de guerre par Kinshasa, alors même que Kigali aurait envoyé de nouvelles troupes dans la zone. Le gouvernement Rwandais se défend en expliquant que le pays souhait conserver "une position défensive durable" suite aux combats menés à Goma, ville située juste à la frontière de ce petit pays d'Afrique. Face à la situation, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné dimanche soir le "mépris éhonté" de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la RDC.
Mais alors que près de 500.000 personnes ont déjà été déplacées dans la région depuis le début du mois de janvier, dans la capitale de la République du Congo, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues pour protester contre la faible mobilisation du monde occidental face à l'ampleur du conflit.
Des relations rompues
Plusieurs ambassades ont été attaquées dont celle de la France mais aussi celle des États-Unis ou encore l'ambassade belge. Des actes largement condamnés par les pays concernés, à l'instar du ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot qui qualifie ces actes d'"inadmissibles".
Pour Michel Galy, géopolitologue spécialiste de l'Afrique, ces manifestations sont le symbole de la détresse de la population du pays. "Les ambassades attaquées, c'est à la fois l'ancien colonisateur belge, l'ennemi, c'est-à-dire le Rwanda, et ces puissances occidentales qui pourraient, si elles osaient s'opposer au Rwanda sur le plan diplomatique et militaire, mettre fin au conflit."
Reste désormais à savoir si un terrain d'entente sera trouvé entre les deux parties pour permettre à court terme l'arrêt des combats, alors que les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues. Le président de la RDC Félix Tshisekedi a d'ores et déjà indiqué qu'il ne participera pas au sommet virtuel des chefs d'États de la communauté des États d'Afrique de l'Est prévu ce mercredi, pour des motifs d'agenda, indique la présidence. Une rencontre où sera pourtant présent son homologue rwandais, Paul Kagame.