Plusieurs milliers d'étudiants défilaient à nouveau mardi dans la capitale et dans plusieurs villes d'Algérie contre la 5ème candidature du président Abdelaziz Bouteflika, repoussant les promesses du chef de l'Etat de réformer et de ne pas aller au bout de son éventuel nouveau mandat. Plusieurs milliers d'étudiants des diverses universités d'Oran, deuxième ville du pays, ont convergé vers le centre-ville, a rapporté à l'AFP un journaliste local sur place, évoquant une "mobilisation très forte". Des milliers d'étudiants, accompagnés par des professeurs, manifestaient également à Constantine, troisième ville du pays, et à Annaba, la quatrième.
Pas d'incident majeur. A Alger, où les manifestations, supposées totalement interdites depuis 2001, sont désormais quasiment quotidiennes depuis dix jours, les étudiants des différentes universités s'étaient donné rendez-vous via les réseaux sociaux devant la Grande-Poste, bâtiment emblématique du cœur de la ville. Déployée en nombre dans le centre de la capitale, la police n'est pas intervenue, se contentant de cantonner, via des cordons d'agents en tenue anti-émeutes, les étudiants à l'intérieur d'un périmètre de quelques artères alentour. Les manifestants se sont contentés de faire demi-tour à chaque fois qu'ils étaient bloqués, sans chercher à forcer les cordons et aucun incident n'a été signalé.
"Hé Bouteflika, il n'y aura pas de 5ème mandat", chantent les étudiants largement applaudis par les badauds sur les trottoirs ou à coups de klaxons par les automobilistes.
En ce moment à proximité de la Fac centrale #Algerpic.twitter.com/p5aO6FKJQn
— Khaled Drareni (@khaleddrareni) 5 mars 2019
Le président Abdelaziz Bouteflika, 82 ans et affaibli depuis 2013 par les séquelles d'un AVC, est la cible d'une contestation jamais vue depuis qu'il a été élu à la tête de l'Etat il y a 20 ans, déclenchée par l'annonce de sa candidature à un 5ème mandat.
"Il n'a pas compris le message du peuple ?" L'enregistrement de sa candidature dimanche au Conseil constitutionnel a été assortie d'engagements destinés à calmer la colère : ne pas aller au bout de son mandat et quitter le pouvoir après une série de réformes profondes notamment. Des promesses qui n'ont pas atteint leur but. "Non, c'est non ! Il n'a pas compris le message du peuple ? On va lui faire comprendre aujourd'hui et encore plus vendredi", premier jour de weekend et jour de mobilisation massive ces deux dernières semaines, a assuré Selma, étudiante en mathématiques à Alger.