Masques médicaux obligatoires dans les transports, écoles fermées, télétravail : l'Allemagne durcit et prolonge jusqu'à mi-février son arsenal anti-Covid face à la crainte d'une propagation de nouveaux variants plus contagieux. Il a fallu près de huit heures de négociations entre Angela Merkel et les 16 Etats-régions pour tomber d'accord ce nouveau tour de vis. La réunion, prévue pour la semaine prochaine, avait été avancée en raison des craintes liées aux mutations du virus. "Les restrictions sévères que les gens respectent commencent à porter leurs fruits", a salué la chancelière. Mais "nous devons agir maintenant" contre les variants, en particulier britannique, a prévenu Angela Merkel.
De nouvelles mesures mais pas de couvre-feu
Restaurants, cafés, enceintes sportive et culturelles sont fermés depuis deux mois et demi et vont le rester jusqu'au 14 février au moins. Les rassemblements privés restent aussi très limités, avec la possibilité de n'inviter qu'une personne issue d'un autre foyer.
A cet arsenal de restrictions s'ajoutent de nouvelles mesures. Les masques médicaux, FFP2 ou chirurgicaux, seront ainsi désormais obligatoires dans les commerces, métros, bus, train et tramways. La Bavière a déjà imposé depuis lundi le port de masques FFP2 dans les transports.
Le télétravail va également s'imposer désormais "partout où cela est possible", au moins jusqu'au 15 mars, et le port de masques médicaux, fournis par l'employeur, quand la présence sur le lieu de travail est indispensable. Un grand nombre d'Allemands continuent en effet de se rendre sur leur lieu de travail, bien plus, selon le gouvernement, que lors de la première vague épidémique L'objectif est de réduire le nombre d'utilisateurs des transports en commun à un tiers du niveau habituel, selon le document de la chancellerie qui a servi de base de négociation.
L'idée d'imposer un couvre-feu nocturne a par contre été repoussée. En revanche, l'Allemagne n'exclut pas des contrôles aux frontières de l'UE face à la circulation du variant.
Des négociations sous tensions autour de la fermeture des écoles et des crèches
Une large part de la négociation a porté sur les écoles et crèches, fermées depuis mi-décembre. Angela Merkel militait pour une prolongation généralisée des fermetures jusqu'à mi-février. Mais la chancelière, décrite comme étant "en colère" par plusieurs participants, s'est heurtée à l'opposition de dirigeants régionaux qui plaidaient pour plus de souplesse.
Un échange acerbe a ainsi opposé la ministre-présidente sociale-démocrate du Mecklembourg-Poméranie (nord), Manuela Schwesig, à Angela Merkel, selon les médias allemands. La première a reproché à la seconde un supposé manque d'empathie envers les élèves et employeurs. "Je ne me laisserai pas accuser de tourmenter les enfants ou de ne pas respecter les droits des travailleurs", a répliqué la chancelière.
Après plusieurs interruptions et conciliabules téléphoniques, les participants ont finalement décidé de prolonger la fermeture des établissements jusqu'à mi-février.
Impatience de la population, critique sur la campagne de vaccination
Motif d'espoir, les mesures draconiennes décrétées juste avant Noël pour ralentir la propagation du virus commencent néanmoins à faire effet. "Nous assistons en ce moment à un léger recul du nombre d'infections" et de patients hospitalisés dans les services de soins intensifs "à environ moins de 5.000", a souligné le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert.
Mais, sur le qui-vive, Berlin s'inquiète tout particulièrement de l'importation de variants du virus beaucoup plus contagieux, apparus en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud. "Nous devons faire quelque chose maintenant si nous voulons continuer à empêcher la diffusion de variants en Allemagne. Plus tard, vous ne pouvez pas traiter ça efficacement et alors il est trop tard", a prévenu le virologue Christian Drosten.
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Mardi, l'institut de veille sanitaire Robert-Koch a annoncé 11.369 nouveaux cas en 24 heures, une baisse par rapport aux quelque 30.000 nouveaux cas recensés certains jours début janvier. La deuxième vague épidémique, à partir d'octobre, a cependant causé bien plus de ravages que la première en Allemagne. Le pays a recensé au total plus de deux millions de contaminations.
En outre, la grogne monte dans une population qui a fait preuve jusqu'ici d'"une grande discipline", selon la chancellerie, mais qui s'impatiente désormais. Sur le front économique, l'heure est aussi à l'inquiétude après une année 2020 marquée par une récession historique (recul de 5% du PIB), quoique moins abyssale qu'attendu.
Et si la campagne vaccinale s'est organisée en un temps record, les critiques fusent face à la lenteur supposée de sa mise en oeuvre. Depuis la première injection le 26 décembre, quelque 1,14 million de personnes ont été vaccinées, soit 1,4% de la population.