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Alain Barluet et William Molinié, édité par Gauthier Delomez , modifié à
Les Occidentaux ont les yeux tournés vers l'est de l'Ukraine, où les tensions restent fortes avec la Russie. Le président russe Vladimir Poutine devait rencontrer son homologue américain Joe Biden, mais le Kremlin juge la rencontre "prématurée". Plusieurs milliers de soldats sont toujours massés à la frontière, et le moindre incident est scruté de près.
DÉCRYPTAGE

L'éclaircie aura été de courte durée à l'est de l'Ukraine. Alors que le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Joe Biden semblaient s'être mis d'accord pour se rencontrer autour d'un sommet, proposé par la France, le Kremlin a jugé "prématurée" la tenue d'une telle rencontre. Selon Alain Barluet, correspondant d'Europe 1 et du Figaro en Russie, ce refus prononcé lundi matin peut être vu comme une volonté de Moscou de jouer au maître des horloges, de mettre la pression, tant sur le plan diplomatique que sur le terrain.

Une situation qui empire dans les territoires séparatistes

Le correspondant explique que la situation reste très tendue sur place. À en croire les médias russes et le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, la situation empire dans les territoires séparatistes pro-russes d'Ukraine, Donetsk et Lougansk. Il est question de "saboteurs ukrainiens", de "bombardements venus des lignes ukrainiennes". La Russie veut maintenir la pression à la fois sur la situation militaire et à la fois sur la diplomatie pour obtenir des satisfactions sur ses exigences, soit le non-élargissement de l'Otan et le départ des installations militaires de l'Alliance de la périphérie du pays.

La proposition d'un sommet pour essayer de gagner du temps

La France a tenté d'organiser un sommet avec les deux parties. "Chaque jour qui passe sans qu'il y ait la guerre est un jour gagné pour la paix", résume un conseiller du président Emmanuel Macron. L'objectif du chef de l'État est de créer des occasions pour dialoguer et repousser la perspective d'une guerre. C'est pourquoi il y a eu cette proposition de sommet entre Biden et Poutine. Selon l'Élysée, les deux chefs d'État s'accordent sur le principe, mais une telle rencontre est conditionnée par plusieurs préalables.

D'abord, il ne faut pas que la Russie n'ait envahi l'Ukraine. Ensuite, il y a toute une série de discussions sur le contenu. Cela doit être fixé jeudi, lors d'une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères russe et américain. Cette proposition de sommet est une façon pour Emmanuel Macron et les Européens de gagner du temps et de garder ouverte la porte du dialogue pour pouvoir, dans un deuxième temps, organiser un sommet sur la sécurité de l'Europe avec toutes les parties prenantes.

La moitié des troupes du Kremlin en position d'attaque

La sécurité, justement, n'est pas encore assurée à l'est de l'Ukraine. Des compagnies aériennes, à l'image d'Air France ou de la Lufthansa, opte pour une annulation de leurs vols mardi en provenance et à destination de Kiev. Au niveau militaire, les Occidentaux estiment qu'il y a, le long de la frontière ukrainienne, environ 150.000 soldats russes, 190.000 en comptant les séparatistes. La moitié des troupes du Kremlin seraient en position d'attaque, selon le renseignement américain. L'Élysée observe les mêmes éléments avec un risque que les Russes provoquent un incident pour légitimer une intervention militaire beaucoup plus large.

D'ailleurs, lundi matin, le FSB, le service de renseignement russe, a rapporté qu'un obus tiré depuis le territoire ukrainien avait détruit un poste-frontière russe. Une information immédiatement démentie par les forces armées ukrainiennes. Les tensions sont toujours en cours, même si, selon une source diplomatique française, les dernières heures ont été plutôt calmes après un week-end très agité sur la ligne de front. La situation reste donc très fragile.