olena habitante de kiev 4:14
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Marion Gauthier, édité par Laura Laplaud , modifié à
Alors que les Etats-Unis continuent de mettre en garde contre un conflit qui serait "épouvantable" pour les Ukrainiens, le président Emmanuel Macron et son homologue russe Vladimir Poutine ont convenu de la nécessité d’une désescalade vendredi. Mais la tension demeure vive. L’Occident accuse Moscou d’avoir massé plus de 100.000 soldats à la frontière. Europe 1 s'est rendue sur place.
REPORTAGE

Le déploiement de 8.500 soldats américains en Europe de l'Est pour faire face au risque d'invasion russe en Ukraine pourrait arriver prochainement, a annoncé vendredi Joe Biden, mettant ainsi la pression sur Moscou. Mais le président des Etats-Unis affirme que la voie diplomatique reste ouverte. Pourtant, à Kiev, certains Ukrainiens, même éloignés de la frontière, préparent leurs affaires pour évacuer. Notre envoyé spéciale pour Europe 1 s'est rendue sur place et a rencontré Olena, une quadragénaire qui a déjà bouclé un "sac d'urgence".

"Vous n'êtes jamais vraiment préparé" à la guerre

Deux passeports, des chaussettes, quelques médicaments et de quoi manger un ou deux jours... Dans le petit sac à dos qu'elle laisse en évidence à l'entrée de son domicile, chaque élément a sa place. "Préparer ce sac et savoir qu'il est prêt est le plus important, faire des choses pas à pas vous procure un soulagement, c'est dur de penser plus loin", confie-t-elle.

Pour faire son sac, Olena s'est appuyée sur des listes relayées par des médias nationaux, les mêmes médias qui lui rappellent sans cesse les tensions à la frontière. "C’est les montagnes russes...", regrette-t-elle. "Quand mon père et ma mère m’appellent et me demandent quoi faire, où se cacher, je réalise que je n’ai aucun endroit où les mettre en sécurité, et ça, ça me stresse… La guerre est quelque chose à laquelle vous n’êtes jamais vraiment préparé."

C’est le deuxième sac qu’elle prévoit. Le premier a été bouclé en 2014, lorsque la Russie annexait la Crimée. Olena soupire et rêve une vie sans ces "sacs d’urgence". 

Une nouvelle guerre froide ?

Pour Frédéric Encel, docteur en géopolitique spécialiste du Moyen-Orient, cette guerre est "essentiellement russo-américaine". "Pour une raison très simple, l'Europe n'existe pas en tant que puissance", a-t-il expliqué au micro de Thierry Dagiral samedi. "Et tant que l'Europe n'est pas une Europe puissante et qu'une grande partie des Etats de l'Union européenne sont membres de l'OTAN, on est entre Moscou et Washington."

 

Pourtant, en tentant la désescalade depuis plusieurs jours, Emmanuel Macron s'impose comme un interlocuteur de choix. Il s'est d'ailleurs entretenu avec Vladimir Poutine vendredi. Un acte qui peut avoir de l'importance, selon le maître de conférences. "Il faut se souvenir qu'au début de son mandat, Emmanuel Macron avait tenté ce qu'Obama, à l'époque, avait appelé un "reset", un retour, en quelque sorte des négociations avec la Russie et il avait discuté avec Vladimir Poutine", raconte-t-il.

"Je pense quand même qu'aux yeux de Vladimir Poutine, qui est tout sauf stupide, il y a là un président qui à la fois la volonté et surtout, quelque part, la capacité, de pouvoir peut-être faire quelque chose", avance-t-il. Cependant, Frédéric Encel se veut rassurant : "Chacun montre les muscles pour indiquer à l'autre où est la ligne rouge" mais "on est loin de la guerre".