Un millier d'Algérois sont descendus dans la rue mardi soir à Alger pour célébrer la démission, après 20 ans à la tête du pays, du président Abdelaziz Bouteflika. Si les rues de la capitale étaient plus calmes mercredi, les Algériens ne relâchent pas la pression et continuent de réclamer un renouvellement complet du personnel politique, alors que le processus de transition avant l'élection d'un nouveau chef d'Etat doit se mettre en branle dans la journée.
Les Algériens demandent toujours la fin du système
Mercredi matin, Amel, 30 ans, arpentait les rues d'Alger avec le drapeau au croissant et à l'étoile rouge sur le dos. Pour cette jeune femme, l'allégresse qui a suivi le départ d'Abdelaziz Bouteflika ne doit pas faire oublier que le combat est encore loin d'être terminé. "Il y a une période de transition qui se prépare, on espère que les revendications du peuple seront respectées. On attend la suite", explique-t-elle à Europe 1.
Pour Mouloud, un employé de banque, les Algériens n'ont pas à choisir entre le régime de Bouteflika et l'armée, adversaire mesurée du pouvoir en place : "Le peuple insiste encore sur le départ de tout ce qui, à ses yeux, symbolise le régime, y compris le chef d'état-major. Depuis 2013, il n'a pas soufflé le moindre mot quant à l'état de santé du président", pointe-t-il. Ancien soutien du prédisent Bouteflika, le général Ahmed Gaïd Salah a demandé mardi sa mise à l'écart immédiate. Au début de la contestation, il avait toutefois assuré que l'armée serait "garante" de la stabilité face à un éventuel risque de guerre civile.
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Une période de transition de 90 jours
Officiellement, le processus de transition est entre les mains du Conseil constitutionnel algérien, à qui Abdelaziz Bouteflika a adressé sa démission mardi. Ses membres doivent se réunir mercredi après-midi pour constater la vacance du pouvoir. S'en suivra un protocole réglementaire : la réunion des deux chambres du parlement en vue de la nomination officielle du président du Conseil de la Nation, équivalent du Sénat, pour assurer l'intérim du pouvoir. À 77 ans, Abdelkader Bensalah apparaît toutefois comme un fidèle du président sortant, qu'il a déjà remplacé à maintes reprises pour divers événements officiels, comme dimanche à Tunis, lors du sommet de la Ligue arabe.
L'intérim d'Abdelkader Bensalah ne devra pas durer plus de 90 jours pendant lesquels doit être organisée une nouvelle élection présidentielle. Reste encore à savoir si elle répondra à ce que les Algériens continuent de demander : le départ de tous les acteurs politiques et hauts responsables qui ont travaillé, de près ou de loin, avec le clan Bouteflika.