Le Premier ministre libanais a cédé à la pression de la rue. Ce week-end, il se disait prêt à rester au pouvoir encore deux mois, le temps d'organiser des élections parlementaires anticipées. Finalement, dimanche soir, Hassane Diab a annoncé la démission de son gouvernement, presque une semaine après les violentes explosions qui ont ravagé le centre de Beyrouth et déclenché la colère de la population contre l'incurie de la classe politique. Europe 1 était sur la place des Martyrs, épicentre de la contestation.
"Qu'ils partent tous"
D'après la Constitution du Liban, c'est désormais au président, Michel Aoun, de nommer le futur Premier ministre pour former un nouveau gouvernement. Une étape souvent longue et complexifiée par des compromis entre les différents partis politiques. Des petits arrangements qui renforcent la colère de la population.
Les Libanais demandent un gouvernement de technocrates, débarrassé de toutes les familles politiques au pouvoir depuis 30 ans et la fin de la guerre civile. "On veut qu'ils partent tous, ils font tous partie de la même affaire, même ceux qui ont essayé de faire quelque chose ou de s'opposer. Ils n'arrivent pas à s'imposer tellement la mafia est grande", raconte Omar, un des manifestants. "Nous voulons un ministre qui sait ce qu'il fait, qui est expert dans son domaine. Pas des gens qui sont en poste selon leurs relations personnelles."
Il y a urgence pour le Pays du cèdre. Au-delà des explosions qui ont fait au moins 137 morts et des milliers de blessés, une crise économique grave frappe le Liban depuis plusieurs mois. Les indicateurs sont catastrophique pour la population : près de la moitié de la population (45%) vit sous le seuil de pauvreté, avec 22% des Libanais en état de "pauvreté absolue". Des aides internationales sont promises, mais conditionnées à des réformes pour plus de transparence. Une exigence renouvelée par Emmanuel Macron, lors de sa visite à Beyrouth la semaine dernière.