Il ne reste qu'un seul jour d'oxygène : la course contre la montre pour retrouver vivants les cinq occupants du submersible parti explorer l'épave du Titanic s'accélère mercredi dans l'Atlantique Nord, où des bruits captés suscitent de l'espoir pour l'armada de sauveteurs dépêchés sur place. Les réserves d'air respirable devraient s'épuiser jeudi à bord du Titan, petit explorateur en eaux profondes de l'entreprise privée OceanGate. Dans la nuit de mardi à mercredi, les autorités américaines ont confirmé une première avancée importante dans les recherches depuis que l'alarme a été déclenchée dimanche soir.
"Nous ne connaissons pas" l'origine des bruits détectés
"Nous ne connaissons pas" l'origine des bruits captés dans l'océan lors des recherches sous-marines pour retrouver les cinq occupants du submersible parti explorer l'épave du Titanic et disparu dans l'Atlantique Nord, ont déclaré mercredi les gardes-côtes américains. "Je ne peux pas vous dire ce que sont ces bruits. Ce que je peux vous dire, et c'est le plus important, c'est que nous cherchons là où les sons" ont été captés, a déclaré le capitaine Jamie Frederick lors d'un point-presse à Boston. Il a ajouté qu'il fallait "rester optimistes et garder espoir", alors que les réserves d'air respirable devraient s'épuiser jeudi à bord du submersible.
Des bruits entendus "toutes les 30 minutes"
"Des avions P-3 canadiens ont détecté des bruits sous l'eau dans la zone de recherche. En conséquence, les opérations ROV (véhicule télécommandé, NDLR) ont été déplacées pour tenter d'explorer l'origine des bruits", ont écrit sur Twitter les garde-côtes américains de Boston, qui coordonnent les opérations de recherche. Selon la presse américaine, ils ont été entendus "toutes les 30 minutes". "Nous ne connaissons pas la source de ce bruit", a expliqué le contre-amiral John Mauger des garde-côtes américains sur CBS mercredi matin.
Deux robots et un navire doté d'un sonar ont été déployés dans la zone où ces bruits ont été détectés "pour voir si nous pouvons localiser la source de ces bruits et localiser les personnes dans le submersible", a ajouté le chef des garde-côtes pour le nord-est. Un navire de recherche français de l'Ifremer avec son robot capable de plonger jusqu'à l'épave du Titanic, qui gît par près 4.000 mètres de fonds, doit également être déployé.
Tôt mercredi, les garde-côtes américains ont annoncé l'arrivée de trois nouveaux navires sur place. "Nous sommes sur un site extrêmement complexe" avec l'épave du Titanic, a rappelé le contre-amiral Mauger. "Il y a beaucoup de métal et différents objets dans l'eau à cet endroit", donc des experts de la marine ont été mobilisés "pour comprendre la science derrière ce bruit", a-t-il ajouté. "En attendant, c'est une cible", confirme-t-il. "Tant qu'il y a une possibilité de survie, nous allons poursuivre le travail", a-t-il ajouté.
Un signe de vie des occupants du submersible ?
Un signe de vie potentiel de la part des cinq occupants du submersible mais pour Bernard Thibault, expert en recherches sous-marines, il faut rester prudent. "Je serais plutôt du côté pessimiste en essayant de garder espoir et en pensant que c'est réellement sain. Mais il faut quand même imaginer que ces gens-là sont dans un tube en fibre de carbone et qu'il n'y a pas forcément d'outils à proximité. Donc avec quoi taperaient-ils ? Il faudrait taper de manière assez forte sur la coque, qui n'est pas une coque en ferraille, la fibre de carbone ça va être quelque chose de vraiment très peu important. Il faut être très, très, très prudent étant donné qu'on est à proximité d'une épave qui elle-même fait beaucoup de bruit", indique-t-il au micro d'Europe 1.
Cinq passagers à bord du sous-marin disparu
Un Américain, un Français, un Britannique et deux Pakistano-Britanniques ont plongé dimanche vers les abysses à bord du Titan, submersible conçu pour cinq personnes et long d'environ 6,5 mètres. Le contact avec l'engin a été perdu moins de deux heures après son départ. Mardi midi, les garde-côtes américains avaient prévenu qu'il restait "environ 40 heures d'air respirable" à bord. Depuis dimanche et le début des recherches, des détails mettant en cause OceanGate émergent, l'entreprise étant pointée du doigt pour de potentielles négligences dans la sûreté de son appareil de tourisme sous-marin.
Une plainte sur la sûreté déposée en 2018
Une plainte de 2018 consultée par l'AFP indique qu'un ex-dirigeant de l'entreprise OceanGate Expeditions, David Lochridge, avait été licencié après avoir émis de sérieux doutes sur la sûreté du submersible. Selon cet ancien directeur des opérations marines, un hublot à l'avant de l'appareil a été conçu pour résister à la pression subie à 1.300 m de profondeur, et non à 4.000 m.
Le patron d'OceanGate, l'Américain Stockton Rush, est à bord de son Titan. Il a plongé aux côtés d'un richissime homme d'affaires britannique, Hamish Harding (58 ans), du spécialiste français du Titanic Paul-Henri Nargeolet (77 ans) et du magnat pakistanais Shahzada Dawood (48 ans) et de son fils Suleman (19 ans), qui ont tous deux également la nationalité britannique. Pour 250.000 dollars, ils se sont engagés dans une exploration à la recherche des restes de ce qui fut l'une des plus grandes catastrophes maritimes du 20e siècle.
Le Titanic a fait naufrage lors de son voyage inaugural en 1912, après avoir percuté un iceberg, provoquant la mort de près de 1500 passagers et membres d'équipage. Depuis la découverte de l'épave en 1985, chercheurs de trésors et touristes lui rendent visite, entretenant ainsi le mythe.