"Totalement cernés", des djihadistes de l'État islamique quittent Raqqa

© DELIL SOULEIMAN / AFP
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A.H , modifié à
La libération de Raqqa, fief de l'État islamique en Syrie, pourrait intervenir dans quelques heures. Des djihadistes ont négocié avec les Kurdes pour quitter la ville.
ANALYSE

Après Mossoul en Irak, Raqqa, le dernier bastion de l'Etat islamique en Syrie, est sur le point de tomber. Depuis quelques jours, les forces de la coalition qui encadrent les milices kurdes ont constaté qu'un nombre de plus en plus important de djihadistes déposait les armes au lieu de combattre jusqu'à la mort.

Des négociations pour éviter de nouvelles pertes kurdes. "Il faut dire qu'ils sont désormais totalement cernés, isolés dans deux quartiers, sans eau, sans électricité, sans ravitaillement, et avec très peu de munitions. Mais surtout, ils n'ont plus aucun espoir de s'en sortir", précise Didier François, spécialiste des questions de défense à Europe 1. "Mais il aurait encore fallu plusieurs semaines, et certainement des dizaines de morts parmi les miliciens kurdes, pour nettoyer ces deux poches, qui restaient malgré tout bien défendues. Des pertes que les Kurdes n’étaient visiblement pas prêts à assumer", indique le journaliste.

"La semaine dernière, les Kurdes ont donc entrepris des négociations avec l'Etat islamique afin d'organiser l'évacuation des 800 djihadistes qui occupaient toujours Raqqa. Lors des quatre derniers jours, environ 200 d'entre eux ont ainsi pu quitter Raqqa librement, avec leur familles, à bord de bus affrétés par les milices kurdes", rapporte Didier François. La libération de Raqqa est, de fait, imminente.

Le risque de voir des combattants étrangers s'enfuir. Mais les conditions de cette libération génèrent "un certain malaise, ou en tous cas de l'agacement, parmi les pays occidentaux de la coalition, dont la France", souligne le spécialiste. En effet, parmi ces djihadistes, on compte un certain nombre de "volontaires étrangers, dont des Français, qui étaient là, cernés, à portée de main, et qui risquent désormais de passer entre les mailles du filet", alerte Didier François. 

Des intérêts divergents. La coalition a donc fait pression sur les Kurdes pour que les combattants étrangers soient exclus de cet accord et qu'ils ne puissent pas quitter Raqqa. Une pression qui a visiblement porté ses fruits. "Oui, les combattants étrangers font partie de l'accord", a indiqué samedi soir Omar Allouche, un haut responsable du Conseil civil de Raqqa. Didier François rappelle néanmoins que "les priorités kurdes et les nôtres ne sont pas totalement convergentes". L'intérêt de la coalition et des Français, "c'est vraiment d'empêcher des terroristes de pouvoir venir frapper en Europe ou en France. Les Kurdes, eux, veulent se saisir d'importants gages territoriaux, le plus vite possible et à moindre coût, pour être mieux placés dans des négociations à venir avec le régime de Damas et avec la Turquie."