Il y a dix ans tout juste, un mouvement de protestation, dans le sillage des printemps arabes, éclatait en Syrie. Aujourd'hui, le pays est méconnaissable. Une décennie de guerre et de barbarie a totalement ravagé la Syrie de Bachar al-Assad. Pour évoquer le quotidien infernal des Syriens, l'ONG française Médecins sans frontières a sorti un documentaire multimédia en ligne, intitulé Sans issue. L'une des réalisatrices, Agnès Varraine-Leca, était au micro d'Europe 1, dimanche, pour décrire la situation.
Des conditions de vie "absolument désastreuses"
Depuis le début du conflit syrien, plus de 380.000 de personnes sont mortes dont près de 117.400 civils et plus de 22.000 enfants. Plus de six millions de syriens ont également été déplacés et 1,5 millions d'entre eux ont trouvé refuge dans la région d'Idlib, dernier bastion des rebelles. Mais les camps à Idlib sont "très densément peuplés et régulièrement bombardés par le gouvernement syrien et ses alliés", explique Agnès Varraine-Leca.
Cette photographe à Médecins sans frontières alerte sur le fait que "les conditions de vie y sont absolument désastreuses". "La plupart [des réfugiés] vivent dans des camps qui sont inondés l'hiver, extrêmement chauds l'été et assez insalubres, avec un accès aux services de bases comme l'éducation, la nourriture et la santé très limité", poursuit-elle.
Un "sentiment de manque de perspective et d'avenir"
L'ONG française a décidé de raconter le quotidien des Syriens dans un documentaire multimédia à travers dix témoignages récoltés au début de l'année. Disponible sur le site internet de l'association, le documentaire Sans issue est composé de quatre parties : "bombardés", "persécutés", "assiégés" et "abandonnés".
Comme l'explique Agnès Varraine-Leca, le titre est le résultat d'un "sentiment de manque de perspective et d'avenir" qui ressort des témoignages. "Parmi les personnes qu'on a interviewées, il y en a une qui a conservé la clé de sa maison, qu'elle a fuie à Homs en 2012. Depuis 10 ans, elle ne s'en sépare pas et espère qu'un jour ses enfants puissent ouvrir la porte", raconte celle qui est aussi chargée de projets multimédias au sein de l'ONG.
Bien qu'ils n'arrivent plus à se projeter, les réfugiés gardent espoir. "Malgré les conditions, malgré dix ans de violences, tous espèrent que ça va s'arrêter et qu'ils pourront rentrer chez eux un jour", conclut Agnès Varraine-Leca.