Donald Trump a annoncé dimanche une hausse des droits de douane sur 200 milliards de dollars de produits chinois, un avertissement à Pékin sans équivoque, à quelques jours de la tenue de négociations à Washington présentées comme ultimes avant la signature d'un accord ou la reprise de la guerre commerciale.
Pékin pourrait se retirer des négociations ?
La menace de reprise de la guerre commerciale entre les deux premières économies mondiales a provoqué un plongeon des Bourses et de la monnaie chinoise lundi matin à l'ouverture. En réaction à l'annonce du président américain, le gouvernement chinois envisagerait désormais d'annuler les tractations qui devaient reprendre mercredi, affirme le Wall Street Journal (WSJ), citant une source proche des discussions.
La décision d'annuler ou de maintenir les négociations dépend du vice-Premier ministre Liu He, selon le WSJ, soulignant que pour l'heure, le principal négociateur chinois se rend à Washington comme prévu. Annuler ces discussions serait toutefois conforme à la stratégie de Pékin de ne pas négocier sous la menace, a observé la source du WSJ. Les responsables chinois avaient en effet l'an passé constamment refusé de discuter avec Washington "un pistolet sur la tempe". Signe de l'embarras de Pékin, le régime communiste n'avait pas réagi lundi en milieu de matinée aux propos de Donald Trump, dont les médias officiels ne faisaient pas même état.
Une nouvelle menace d'augmentation des droits de douane
Donald Trump a constamment brandi la menace des droits de douane pour contraindre Pékin à accepter les exigences américaines. Pour accroître la pression, il s'est de nouveau dit prêt dimanche à taxer la totalité des exportations chinoises vers les États-Unis (539,5 milliards de dollars en 2018) s'il n'obtenait pas d'accord.
"Pendant 10 mois, la Chine a payé des droits de douane aux États-Unis à hauteur de 25% sur 50 milliards de dollars de [biens] technologiques, et 10% sur 200 milliards de dollars d'autres biens", a écrit le président américain sur Twitter. "Les 10% vont être relevés à 25% vendredi", a-t-il annoncé, justifiant cette mesure par le fait que les négociations n'avançaient pas assez vite.
Un impératif de réduire le déficit commercial avec la Chine pour Trump
Le président républicain avait décidé début décembre de suspendre l'augmentation de ces tarifs douaniers en raison de la reprise des discussions commerciales qui étaient présentées jusqu'à cette semaine comme "fructueuses" avec de grandes chances d'aboutir à un accord. "L'accord commercial avec la Chine avance, mais trop lentement, alors que [les Chinois] tentent de renégocier. Non !", a tempêté Donald Trump sur Twitter.
Le président compte rééquilibrer les échanges commerciaux entre les deux pays et réduire le colossal déficit bilatéral des États-Unis (378,73 milliards de dollars en 2018, excédent des services compris). Outre une plus grande ouverture du marché chinois aux produits américains, il exige des changements structurels pour mettre fin aux transferts forcés de technologie américaine, au "vol" de la propriété intellectuelle ou aux subventions aux entreprises publiques.
Déjà des répercussions sur l'économie chinoise
Si les prochaines négociations à Washington avaient effectivement lieu, elles pourraient soit conduire Donald Trump à annoncer un sommet avec son homologue chinois Xi Jinping pour signer un traité commercial à la portée potentiellement historique, soit la guerre commerciale pourrait repartir de plus belle. En attendant, les indices chinois ont dévissé lundi matin, les Bourses de Shanghai et de Shenzhen perdant plus de 3% à l'ouverture, tandis que Hong Kong lâchait plus de 2%. La monnaie chinoise, le yuan, perdait 1% face au dollar.
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Pour l'heure, l'administration Trump assure en revanche que l'économie américaine n'est pas affectée par ce conflit, contrairement à l'économie chinoise qui a enregistré l'an passé sa plus faible croissance en près de trente ans.