Le président du Conseil européen Donald Tusk s'en est pris mercredi aux promoteurs du Brexit qui, selon lui, n'ont pas prévu les conséquences de ce divorce, s'interrogeant sur la "place spéciale en enfer" qui leur serait réservée. "Je me demande à quoi cette place spéciale en enfer ressemble, pour ceux qui ont fait la promotion du Brexit sans même l'ébauche d'un plan pour le réaliser en toute sécurité", a lancé Donald Tusk après une rencontre à Bruxelles avec le Premier ministre irlandais Leo Varadkar.
Faire "des suggestions réalistes". Le Polonais doit rencontrer jeudi la Première ministre britannique Theresa May à Bruxelles. "J'espère que demain nous entendrons de la part de la Première ministre May des suggestions réalistes sur la façon de mettre fin à l'impasse dans laquelle le retrait ordonné du Royaume-Uni de l'UE se trouve" depuis que le Parlement britannique a refusé, à une très large majorité, de ratifier le compromis trouvé entre négociateurs européens et britanniques, a dit Donald Tusk. Les Européens ont déclaré à plusieurs reprises qu'il était hors de question de rouvrir les négociations sur l'accord de retrait, qui contient le dispositif de "filet de sécurité" pour éviter le retour d'une frontière physique sur l'île d'Irlande, honni par de nombreux députés britanniques qui craignent de se retrouver "piégés" dans l'Union douanière. Les 27 sont toutefois ouverts pour discuter du contenu de la déclaration politique sur la future relation qui accompagne l'accord.
Le "backstop" en question. Le "filet de sécurité", ou "backstop" en anglais, est une mesure qu'on peut activer en dernier recours. Elle prévoit que le Royaume-Uni resterait dans une union douanière avec l'UE, et l'Irlande du Nord dans le marché unique pour les biens, afin d'éviter des contrôles douaniers et réglementaires physiques, si aucune autre solution n'est trouvée au cours des négociations sur la future relation entre Londres et l'UE. "Donnez-nous une garantie crédible pour la paix en Irlande du Nord, et le Royaume-Uni quittera l'UE en tant qu'ami de confiance. J'espère que le gouvernement britannique va présenter des idées qui à la fois respectent ce point de vue tout en obtenant une majorité stable et claire à la Chambre des Communes", a exhorté le président du Conseil européen. "Je crois vraiment qu'une solution commune est possible", a-t-il ajouté.
De son côté, le dirigeant irlandais Leo Varadkar s'est félicité de l'unité européenne et de la volonté de l'UE de défendre le "backstop". "Les événements à Londres et l'instabilité au sein de la politique britannique ces dernières semaines montrent exactement pourquoi nous avons besoin d'une garantie juridique et d'une solution applicable, et dont nous savons qu'elle pourra fonctionner et durer", a-t-il déclaré.