Vingt-deux chars transportant des momies de rois et reines de l'Egypte antique ont défilé samedi soir dans les rues du Caire, lors d'un spectacle pharaonique pour aller rejoindre le Musée national de la civilisation égyptienne (NMEC), nouvelle demeure des momies royales. Le convoi, constitué de véhicules noirs ornés de motifs dorés et lumineux rappelant les embarcations funéraires antiques, était parti sous haute sécurité peu après 20 heures. Outre de nombreux véhicules de police, une garde montée a encadré le parcours des dépouilles des anciens rois et reines d'Egypte.
Elles reposaient au musée du Caire depuis plus d'un siècle
Ces momies reposaient jusqu'ici au musée du Caire depuis plus d'un siècle. Le trajet d'environ sept kilomètres jusqu'au NMEC doit durer environ 40 minutes. "Le monde entier va regarder ça", s'était réjoui le célèbre archéologue égyptien Zahi Hawass dans la journée de samedi. La place Tahrir, récemment décorée d'un obélisque antique et de quatre sphinx à tête de bélier, devait être fermée "aux véhicules et aux piétons", selon les autorités. Les Egyptiens peuvent regarder le défilé à la télévision ou sur internet.
Dans l'ordre chronologique, le pharaon Seqenenre Tâa (XVIe siècle avant J-C.), surnommé "le courageux", devait ouvrir la marche, fermée par Ramsès IX (XIIe siècle avant J-C.). Parmi les momies les plus connues figurent donc celle de Ramsès II et celle de Hatchepsout et Ramsès II. Le règne d’Hatshepsout, de 20 ans environ (1479-1458 avant J.-C), a été marqué par une croissance du commerce. Ramsès II, grand roi guerrier et l'un des pharaons les plus puissants, a lui régné 67 ans (1301-1236 avant J.-C.).
Le NMEC, qui occupe un vaste bâtiment au sud du Caire, doit ouvrir ses portes le 4 avril. Mais les momies ne seront exposées au public qu'à partir du 18 avril. La directrice générale de l'Unesco Audrey Azoulay, présente au Caire samedi, a affirmé dans un communiqué que le déménagement des momies vers le NMEC était "l'aboutissement d'un long travail pour mieux les conserver et mieux les exposer". Un travail auquel l'Unesco a participé.
La "malédiction du pharaon" agite les réseaux sociaux
Découvertes près de Louxor (sud) à partir de 1881, la plupart des 22 momies n'avaient pas quitté la place Tahrir depuis le début du XXe siècle. Depuis les années 1950, elles y étaient exposées dans une petite salle, sans explications muséographiques claires. Au NMEC, elles apparaitront dans des caissons plus modernes "pour un contrôle de la température et l'humidité meilleur qu'au vieux musée", a expliqué Salima Ikram, professeure d'Egyptologie à l'Université américaine du Caire, spécialiste de la momification. Elles seront présentées aux côtés de leurs sarcophages, dans un décor rappelant les tombes souterraines des rois, avec une biographie et des objets liés aux souverains.
Le grand défilé, annoncé par les autorités à l'aide de vidéos en ligne, a fait sensation sur les réseaux sociaux. Sous le hashtag en arabe #malédiction_des_pharaons, de nombreux internautes ont associé les récentes catastrophes survenues en Egypte à une "malédiction" qui aurait été provoquée par le déplacement des momies. En une semaine, l'Egypte a connu le blocage du canal de Suez par un porte-conteneurs, un accident de train qui a fait 18 morts à Sohag (sud) et l'effondrement d'un immeuble au Caire qui a entraîné la mort d'au moins 25 personnes. La "malédiction du pharaon" avait déjà été évoquée dans les années 1920 après la découverte de la tombe de Toutankhamon, suivie des décès jugés mystérieux de membres de l'équipe d'archéologues.