Emmanuel Macron dit s'opposer «fermement au déplacement de population et à toute annexion» à Gaza et en Cisjordanie

Le président français, qui prône une reprise du cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, a été reçu lundi matin par son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. La veille, les deux dirigeants avaient déambulé dans la capitale égyptienne, ce que l'Élysée a salué comme une marque "d'amitié" exceptionnelle de la part du raïs.
Emmanuel Macron a entamé lundi une série d'entretiens au Caire pour soutenir le plan arabe pour Gaza face aux ambitions contestées de Donald Trump, avant un volet plus humanitaire pour appeler à la levée du blocus de l'aide destinée au territoire palestinien.
Le Hamas "ne doit avoir aucune part" dans la gouvernance de Gaza
Il s'est opposé "fermement aux déplacements de populations et à toute annexion de Gaza comme de la Cisjordanie". "Il s'agirait d'une violation du droit international, d'une menace grave pour la sécurité de toute la région, y compris celle d'Israël", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au Caire, au côté de son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi.
Le mouvement islamiste palestinien Hamas "ne doit avoir aucune part" dans la gouvernance de la bande de Gaza, a également affirmé au Caire le président français.
Au côté de son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, il a réitéré son "plein soutien au plan de reconstruction pour Gaza" endossé par la Ligue arabe, en précisant que le mouvement islamiste palestinien ne devait "plus constituer une menace pour Israël".
Séquence diplomatique
Le président français, qui prône une reprise du cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, a été reçu lundi matin par son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. La veille, les deux dirigeants avaient déambulé et dîné dans le célèbre souk Khan al-Khalili de la capitale égyptienne, ce que l'Élysée a salué comme une marque "d'amitié" exceptionnelle de la part du raïs.
Ils doivent être rejoints à la mi-journée par le roi Abdallah II de Jordanie pour un sommet à trois.
Travail "sur des solutions concrètes"
Pour la diplomatie française, c'est une manière d'afficher sa solidarité avec deux pays voisins de la bande de Gaza ébranlés par le projet du président américain, et de montrer que Paris et ses partenaires arabes "travaillent sur des solutions concrètes". D'autant plus que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, partisan de ce plan encore dans les limbes, sera reçu le même jour à la Maison Blanche.
Début février, juste après son retour au pouvoir, Donald Trump a suscité un tollé international en évoquant une prise de contrôle de la bande de Gaza par les États-Unis pour la reconstruire et en faire la "Riviera du Moyen-Orient".
Pour cela, ses 2,4 millions d'habitants pourraient être déplacés vers l'Égypte et la Jordanie, qui ont vivement rejeté cette option mais doivent composer avec la pression américaine.
Objectif cessez-le-feu
La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, à partir de la bande de Gaza voisine. Israël a juré d'anéantir le Hamas et lancé en représailles une offensive destructrice. Après une trêve de deux mois, les opérations militaires israéliennes ont repris le 18 mars, constituant selon Emmanuel Macron un "retour en arrière dramatique".
"L'Égypte est au coeur de tous les efforts visant essentiellement à atteindre la désescalade ou un cessez-le-feu ou un arrêt complet des tirs entre Israël et le Hamas", relève Mohamed Marei, directeur de l'Observatoire égyptien, affilié au Centre égyptien de réflexion et d'études stratégiques.
Étape symbolique
La France va réaffirmer son "opposition aux déplacements forcés de populations" et exprimer son soutien au plan arabe conçu comme une réponse au plan Trump, a dit la présidence française. Cette initiative, préparée par l'Égypte, prévoit de reconstruire la bande de Gaza sans déplacer les Gazaouis.
Paris estime toutefois qu'il faut "encore renforcer" ce plan, notamment sur "la sécurité" et la "gouvernance" du territoire palestinien, pour rassurer des Américains réticents. Les pays arabes prévoient un retour progressif de l'Autorité palestinienne, au détriment du Hamas qui dirige le territoire depuis 2007.
La solution "à deux États"
Emmanuel Macron veut aussi évoquer avec ses homologues "la nécessaire définition d'une sortie de crise politique fondée sur la solution à deux États", israélien et palestinien, estimant que les pourparlers pour un cessez-le-feu et une reprise de l'aide sont aujourd'hui bloqués par l'absence de perspective pour l'avenir de la région, selon l'Élysée.
Il coprésidera en juin à l'ONU, avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, une conférence sur ce sujet. Ce rendez-vous pourrait, selon des sources diplomatiques, constituer le "moment opportun" que la France attend pour éventuellement reconnaître un État palestinien.
La question de l'acheminement de fret humanitaire
Mardi, le président français se rendra dans la ville égyptienne d'al-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, à 50 kilomètres du point de Rafah par lequel est censée passer l'aide humanitaire vers Gaza, à nouveau stoppée depuis mars. Lors de cette étape hautement symbolique, il appellera à "la réouverture des points de passage pour l'acheminement de fret humanitaire à Gaza", a fait savoir la présidence française.
Dans ce port méditerranéen qui sert de base arrière pour l'aide, il va rencontrer des personnels d'ONG françaises, des Nations unies, du Croissant-Rouge égyptien, mais aussi probablement des "bénéficiaires" palestiniens de l'action humanitaire, selon la même source.
La quasi-totalité des Gazaouis ont été déplacés au moins une fois par les combats et vivent dans un territoire dévasté et assiégé. Sur le plan bilatéral franco-égyptien, plusieurs accords économiques doivent être signés lundi dans les transports, la santé, les énergies renouvelables ou le domaine universitaire.