"Nous vivons nos derniers moments. Si le gouvernement ne change pas, impossible pour nous de continuer". Ramazan, un berger de 50 ans à l'allure de vieillard, a le visage buriné par le travail en plein air. Quand l'éleveur ne court pas après ses chèvres et moutons, sur une route entre Istanbul et Bursa, il court après sa dette : l'équivalent de 30.000 euros. "Depuis 2015, c'est fini. Tout est devenu cher. Ce que nous rendons est cher, ce que nous achetons est cher. En 2018, la botte de foin coûtait quatre à cinq livres. Aujourd'hui, c'est 110. Je dois de l'argent aux banques, je dois de l'argent aux céréaliers. Je suis étouffé", énumère-t-il.
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"Mon seul espoir c'est Kılıçdaroğlu"
Pour la première fois de sa vie, il envisage de voter pour l'opposition à Erdoğan. Son regard bleu perçant surveille ses bêtes qui broutent le long de l'autoroute. Son sourire est triste et son avenir, lui, incertain. "J'ai voté Erdoğan aux élections précédentes. J'aurais dû avoir les deux mains cassées pour ne pas le faire. Mon seul espoir, c'est l'opposant Kemal Kılıçdaroğlu", confie le berger.
Ramazan a déjà réduit son cheptel et s'est débarrassé de ses vaches trop chères à nourrir. Le petit troupeau est désormais guidé par Princesse, sa brebis préférée, la seule dont il est sûr de ne jamais se séparer.