Élections en Géorgie : la présidente dénonce un système «sophistiqué» de fraude

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avec AFP // Crédit photo : MAXIME GRUSS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Les élections en Géorgie auraient été la cible d'un système "sophistiqué" de fraude qui aurait permis au parti au pouvoir de l'emporter. Cette accusation est portée par la présidente du pays, Salomé Zourabichvili, pro-occidentale et opposée au gouvernement. Selon elle, la fraude serait passée par le "vote électronique" ou "l'achat de voix". 

La présidente de la Géorgie Salomé Zourabichvili, pro-occidentale et opposée au gouvernement, a dénoncé lundi dans un entretien à l'AFP, un système "sophistiqué" de fraude ayant, selon elle, permis au parti au pouvoir d'emporter les législatives. Cette fraude relève de la mise en œuvre d'une "méthodologie russe", a estimé la cheffe de l'État qui a aussi jugé "difficile de traiter" avec la Russie tant elle est "menaçante".

"Une forme moderne de guerre hybride contre le peuple géorgien"

"C'est très difficile d'accuser un gouvernement et ce n'est pas mon rôle, mais la méthodologie, elle est russe", a dit, au cours de cet entretien en français, la présidente au sujet des fraudes dont elle accuse ses rivaux politiques. Selon Salomé Zourabichvili, la fraude est notamment passée par le vote électronique, utilisé pour la première fois en Géorgie : le même numéro de carte d'identité a été retrouvé, correspondant à "dix-sept votes, vingt votes, dans différentes régions", a-t-elle accusé.

 

Les fraudeurs supposés ont usé aussi de "méthodes classiques", "achats de voix, pressions sur les détenteurs d'emplois publics", "sur les familles de prisonniers auxquelles on peut promettre des libérations", "argent distribué visiblement dans des minibus à la sortie des lieux du scrutin", a poursuivi la présidente. "Cette planification, cette sophistication, cette exactitude dans les cibles qui ont été prises, c'est plus que ce qu'un gouvernement classique" aurait pu mettre en place "pour rester au pouvoir", a-t-elle jugé.

La présidente Zourabichvili avait initialement annoncé samedi la victoire de l'opposition pro-européenne sur la foi de sondages à la sortie des urnes. Après l'annonce de sa défaite, elle avait jugé dimanche que le processus électoral avait été la cible "d'une opération russe spéciale, une forme moderne de guerre hybride contre le peuple géorgien". Elle a appelé ses compatriotes à manifester lundi soir.

L'opposition refuse de reconnaître sa défaite face au parti au pouvoir du Rêve géorgien, qu'elle accuse de dérive autoritaire prorusse. Ancienne république soviétique caucasienne riveraine de la mer Noire, la Géorgie reste très marquée par une brève guerre en 2008 contre l'armée russe. A son issue, la Russie a installé des bases militaires dans deux régions séparatistes géorgiennes, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, dont elle a reconnu l'indépendance, proclamée unilatéralement.

De son côté, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, affirme que les "Géorgiens ont le droit de savoir ce qu'il s'est passé ce week-end". Les Géorgiens "ont le droit d'exiger que les irrégularités électorales fassent l'objet d'enquêtes rapides, transparentes et indépendantes", a martelé la cheffe de l'exécutif européen devant les étudiants du Collège d'Europe à Bruges, suite aux accusations d'ingérences russes.