La communauté internationale a "mal évalué" la situation en Afghanistan, où les talibans se sont très rapidement emparés du pouvoir à la suite du retrait des troupes étrangères, a estimé lundi le chef de la diplomatie allemande. "Il n'y a rien à dire de plus. Nous tous, le gouvernement, les services de renseignement, la communauté internationale, nous avons mal évalué" la situation en Afghanistan, a dit Heiko Maas tandis que les images du chaos à l'aéroport de Kaboul où des milliers de personnes tentent de fuir le pays ont sidéré le monde.
"Après le retrait des troupes, nous n'étions certainement pas en mesure d'évaluer que les forces armées afghanes n'étaient pas prêtes à affronter les talibans", a précisé le ministre lors d'une courte déclaration. "C'était une erreur d'appréciation de notre part à tous et nous en parlerons certainement", a-t-il encore dit, voulant "tirer des leçons et des conséquences" de toute cette affaire.
En Allemagne, allié traditionnel de poids des Etats-Unis, le mécontentement face au retrait des troupes américaines est palpable. La chancelière Angela Merkel, qui doit s'exprimer lundi en fin de journée, a exprimé sa frustration sur la situation en Afghanistan et évoqué des raisons "de politique intérieure" pour le retrait américain. "Pour tous ceux qui ont tenté d'œuvrer au progrès et à la liberté" dans ce pays "surtout les femmes, ce sont des événements amers", a dit la chancelière devant des cadres de son parti, selon des propos rapportés par des participants à l'AFP.
Une débâcle selon le camp conservateur
Le dirigeant du parti conservateur allemand d'Angela Merkel et candidat à sa succession à la chancellerie, Armin Laschet, a qualifié lundi le retrait d'Afghanistan des troupes occidentales de "plus grosse débâcle (...) de l'Otan depuis sa création". "C'est la plus grande débâcle que l'Otan ait subie depuis sa création et c'est un changement d'époque auquel nous sommes confrontés", a souligné Armin Laschet, le président de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), après la victoire fulgurante des talibans en Afghanistan. "Il est évident que cet engagement de la communauté internationale n'a pas été couronné de succès", a-t-il ajouté devant la presse alors que la question afghane s'est invitée dans la campagne électorale des législatives en Allemagne en vue du scrutin du 26 septembre.
"Après l'évacuation (en cours des Allemands et du personnel local afghan), une analyse crue des erreurs sera nécessaire en Allemagne avec les partenaires de l'Alliance et au sein de la communauté internationale", a poursuivi Armin Laschet.
La candidate écologiste presse d'évacuer
De son côté la candidate des Verts, Annalena Baerbock a estimé que le gouvernement avait "fermé les yeux devant la réalité", ignorant les avertissements sur l'avancée rapide des talibans vers la capitale afghane ces dernières semaines. Il est "plus que temps que le gouvernement allemand fasse enfin tout pour évacuer" les Allemands et le personnel afghan ayant travaillé pour la Bundeswehr ou des représentations allemandes, a-t-elle ajouté.
La responsable écologiste a dit souhaiter la mise en place de "contingents à 5 chiffres" (soit au moins 10.000 personnes) de personnes menacées par la prise du pouvoir des talibans.
L'Allemagne, pour ce qui la concerne, a identifié 2.500 personnes sur place qui pourraient être évacuées, essentiellement des Afghans et des membres de leurs familles ayant travaillé avec l'armée allemande. A ce chiffre, s'ajoute une liste de 2.000 autres personnes, avocats et défenseurs des droits de l'homme, qui ont également exprimé le souhait de partir. En comptabilisant les membres de leurs familles, leur nombre grimpe à 10.000, a dit Angela Merkel.