La Russie observe dimanche une journée de deuil après le massacre dans une salle de concert près de Moscou qui a fait au moins 137 morts selon un nouveau bilan, l'attaque la plus meurtrière sur le sol européen revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Les autorités n'avaient toujours pas évoqué dimanche la responsabilité de ce groupe, citant à l'inverse samedi une piste ukrainienne. Les enquêteurs ont annoncé un nouveau bilan de 137 morts, dont trois enfants, contre 133 la veille. Les services de santé ont indiqué dimanche soir que le nombre de blessés avait été réévalué à 182, dont 101 étaient toujours hospitalisés. Les enquêteurs ont continué de fouiller les décombres du bâtiment qui a été ravagée par un gigantesque incendie déclenché par les assaillants.
Les principales informations à retenir :
- La Russie observe dimanche une journée de deuil national après le massacre dans une salle de concert à Moscou
- Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière sur le sol européen revendiquée par le groupe jihadiste État islamique (EI)
- Le Kremlin a annoncé samedi l'arrestation de 11 personnes "dont quatre terroristes impliqués dans l'attentat"
- Le président tadjik Emomali Rakhmon a dit dimanche à son homologue russe Vladimir Poutine que les "terroristes n'ont pas de nationalité"
- Le bilan s'alourdit à 137 morts, dont trois enfants, selon les enquêteurs
- "L'Ukraine n'a pas le moindre lien avec l'incident", a martelé le conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, rejetant des accusations "absurdes"
- 500 balles, deux fusils d'assaut Kalachnikov et 28 chargeurs retrouvés sur les lieux de la tragédie
- Le gouvernement américain a affirmé dimanche qu'il n'y avait "aucune implication ukrainienne" dans le massacre au Crocus City Hall à Moscou
- Emmanuel Macron va présider dimanche soir à l'Elysée un conseil de défense sur "l'attentat de Moscou et ses conséquences"
- Les deux premiers suspects de l'attaque du Crocus City Hall à Moscou, qui a fait 137 morts, ont été amenés dimanche soir devant un tribunal de la capitale russe
Le premier suspect placé en détention provisoire
Le premier suspect de l'attaque du Crocus City Hall à Moscou, qui a fait 137 morts, a été placé dimanche en détention provisoire pour au moins deux mois après avoir été présenté devant un tribunal de la capitale russe. Ce premier assaillant présumé a été placé en détention jusqu'au 22 mai, une durée qui pourra être prolongée dans l'attente de son procès pour "terrorisme", a indiqué le tribunal Basmanny dans un communiqué. Selon lui, ce natif du Tadjikistan a "plaidé entièrement coupable".
Les premiers suspects amenés devant le tribunal
Les deux premiers suspects de l'attaque du Crocus City Hall à Moscou, qui a fait 137 morts, ont été amenés dimanche soir devant un tribunal de la capitale russe, qui doit décider de leur placement en détention provisoire. Selon les agences de presse russes, ces deux suspects ont été inculpés pour "terrorisme" et encourent la prison à perpétuité. Au total, les autorités russes avaient rapporté l'arrestation de 11 personnes dont quatre assaillants en lien avec cette attaque.
Le tribunal Basmanny de Moscou a diffusé une vidéo montrant des policiers amenant l'un des suspects menotté dans la salle d'audience, ainsi que des photographies du même homme assis dans la cage de verre réservée aux accusés.
Emmanuel Macron préside dimanche soir un conseil de défense à l'Elysée
Emmanuel Macron va présider dimanche soir à l'Elysée un conseil de défense sur "l'attentat de Moscou et ses conséquences", selon la présidence française. Le chef de l'Etat tient "à 19H30 un conseil de défense et de sécurité nationale sur l'attentat de Moscou et ses conséquences", a-t-on indiqué. L'attentat, vendredi dans une salle de concert près de Moscou, a fait au moins 137 morts selon un nouveau bilan. Il a été revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Moscou n'a toujours pas évoqué dimanche la responsabilité de ce groupe, citant à l'inverse samedi une piste ukrainienne.
500 balles, deux fusils d'assaut Kalachnikov et 28 chargeurs retrouvés sur les lieux de la tragédie
Vladimir Poutine, qui s'est exprimé une fois samedi, près de 24 heures après les faits, n'a pas fait de nouvelle déclaration mais a allumé un cierge à la chapelle de sa résidence près de Moscou, selon son porte-parole, cité par les agences russes. Les policiers ont en outre retrouvé quelque 500 balles, deux fusils d'assaut Kalachnikov et 28 chargeurs sur les lieux de la tragédie, précisant qu'ils appartenaient "aux assaillants". Le Comité d'enquête a également diffusé une vidéo montrant des agents masqués et en treillis amenant au siège de cet organe les quatre tueurs présumés, arrêtés la veille. Les hommes ont les yeux bandés et sont forcés de marcher pliés en deux, les mains attachées dans le dos.
Les enquêteurs doivent demander "bientôt" à un tribunal le placement en détention provisoire des suspects. Aucune indication n'a été donnée quant au sort de sept autres personnes dont l'arrestation a été annoncée samedi, mais dont le rôle présumé dans l'attaque n'a pas été précisé. Le Comité d'enquête, un puissant organe d'investigation, n'a pas mentionné la revendication formulée dès vendredi par le groupe jihadiste Etat islamique. Il n'a rien dit non plus dimanche de l'Ukraine, alors que Vladimir Poutine et ses services spéciaux (FSB) avaient évoqué cette piste, car, selon eux, les tueurs présumés tentaient de rejoindre le territoire ukrainien.
Attaque la plus meurtrière
Cette attaque est la plus meurtrière en Russie depuis une vingtaine d'années, et la plus sanglante revendiquée par l'EI en Europe. Le groupe jihadiste, que la Russie combat en Syrie et qui est actif dans le Caucase russe, a déjà commis des attentats de moindre ampleur dans le pays depuis la fin des années 2010. Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, a estimé dimanche que l'EI portait "seul la responsabilité de cette attaque. Il n'y avait aucune implication ukrainienne". Le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt aussi mis en doute la version de Vladimir Poutine, disant avoir "très peu confiance" en la parole des autorités russes.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé son homologue russe de vouloir "rejeter la faute" sur son pays. Et le Premier ministre polonais Donald Tusk a dit samedi espérer que l'attaque ne serait pas "un prétexte" à une "escalade de la violence", allusion claire à l'offensive russe en Ukraine. Quelques jours avant l'attentat, Vladimir Poutine avait qualifié de "provocation" des mises en gardes américaines quant à une attaque en préparation en Russie.
Selon le groupe Site, spécialisé dans la recherche antiterroriste, une vidéo apparemment tournée par les assaillants a été diffusée sur des comptes de réseaux sociaux habituellement utilisés par l'EI. On y voit plusieurs individus aux visages floutés, armés de fusils d'assaut et de couteaux, dans ce qui semble être le Crocus City Hall. Ils tirent plusieurs rafales, de nombreux corps inertes jonchent le sol et on aperçoit un début d'incendie en arrière-plan.
"Plus de joie"
Dans les rues de Moscou, les avis étaient partagés quant à l'implication de l'Ukraine, pays que l'armée russe a attaqué en février 2022. "L'Ukraine commet aussi des actes terroristes mais là, ça rassemble plus à ce que font les islamistes. Je ne crois pas à la version de la participation de l'Ukraine", a insisté Vomik Aliev, étudiant en médecine de 22 ans. Pour Valéry Tchernov, 52 ans, c'est tout autre chose. "Qui est derrière (les assaillants)? Les ennemis de la Russie et de Poutine pour déstabiliser le pouvoir, concrètement c'est possible (que) l'Ukraine et les Occidentaux" aient utilisé EI, a-t-il estimé.
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Autre question en suspens, la nationalité des tireurs. Selon des médias russes et le député Alexandre Khinstein, certains sont originaires du Tadjikistan, pays confronté à l'EI et voisin de l'Afghanistan. Le président tadjik Emomali Rakhmon et Vladimir Poutine se sont entretenus dimanche et ont décidé d'"intensifier" leur coopération antiterroriste. La capitale russe marquait, elle, le deuil national décrété par la présidence. Les drapeaux étaient en bernes, de nombreux lieux de divertissements fermés et les restaurants ont promis de reverser leur recette du jour aux victimes.
Des affiches sont apparues montrant une bougie sur fond noir et l'inscription "Crocus City Hall. 22/03/2024. Nous sommes en deuil...". "Les gens ne sourient plus ici, il n'y a plus de joie", dit à l'AFP Valentina Karenina, 73 ans, originaire de Sibérie et de passage à Moscou. "Ma fille m'a appelée pour me dire de ne pas sortir" de crainte d'une nouvelle attaque, confie la retraitée. Mais elle est néanmoins allée allumer un cierge dans une église mitoyenne de la place Rouge, alors que le célèbre espace était fermé au public par mesure de sécurité.