L'armée israélienne a mené vendredi de nouvelles frappes contre le Hamas à Gaza où elle poursuit ses opérations terrestres, au moment de l'arrivée à Tel-Aviv du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui a appelé à protéger les civils tout en renouvelant son soutien à Israël.
Les informations à retenir :
- Israël a annoncé avoir encerclé la ville de Gaza après une semaine de combats au sol et des frappes meurtrières sur le territoire palestinien.
- L'Institut français à Gaza a été visé par une frappe, Paris demande des explications à Israël.
- Israël a exhorté ses ressortissants à ne pas se rendre à l'étranger "en raison de la montée de l'antisémitisme".
- Selon le Hamas, plus de 9.000 personnes, dont 3.826 enfants, ont depuis été tuées dans les frappes israéliennes sur la bande de Gaza.
- L'armée israélienne a fait état de 332 soldats tués depuis le 7 octobre.
- Emmanuel Macron a annoncé vendredi la tenue d'une "conférence humanitaire" le 9 novembre à Paris.
Des ministres de cinq pays arabes rencontreront Antony Blinken samedi à Amman en Jordanie
Les ministres des Affaires étrangères de Jordanie, d'Egypte, d'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et du Qatar rencontreront le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, samedi à Amman, pour discuter des moyens d'"arrêter la guerre à Gaza", selon la diplomatie jordanienne.
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères jordanien a précisé qu'un représentant de l'Autorité palestinienne participera à la réunion, qui se penchera également sur les "répercussions (...) de l'escalade dangereuse qui menace la sécurité dans toute la région".
34 Français et leurs familles ont quitté Gaza ce vendredi, selon Paris
34 Français accompagnés de membres de leurs familles ont quitté vendredi Gaza pour l'Egypte via le poste-frontière de Rafah, a annoncé la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, depuis le Nigeria.
"Aujourd'hui, nous avons pu avoir 34 Français avec leurs familles qui ont pu passer", a dit la ministre à des médias français depuis Abuja, la capitale nigériane. "Si je compte les Français, nos agents de l'Institut culturel et leur famille, ça représente environ 170 personnes, seule une partie a pu passer", a-t-elle précisé.
Emmanuel Macron annonce une "conférence humanitaire" à Paris le 9 novembre
Emmanuel Macron a annoncé vendredi la tenue d'une "conférence humanitaire" le 9 novembre à Paris, affirmant que "la lutte contre le terrorisme ne justifie pas de sacrifier des civils" alors que des opérations terrestres et des frappes se poursuivent à Gaza.
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En déplacement en Bretagne, le président français a expliqué que cette conférence humanitaire se déroulerait dans le cadre du Forum de Paris sur la Paix. "Nous appelons à cette trêve humanitaire parce que la lutte contre le terrorisme ne justifie pas de sacrifier des civils", a ajouté M. Macron alors que la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit.
L'Institut français de Gaza visé par une frappe israélienne
La France a demandé vendredi des explications à Israël après une frappe ayant touché l'Institut français de Gaza, a indiqué le ministère français des Affaires étrangères. "Nous avons été informés par les autorités israéliennes que l'Institut français de Gaza avait été visé par une frappe israélienne. Nous avons demandé aux autorités israéliennes de nous communiquer sans délai par les moyens appropriés les éléments tangibles ayant motivé cette décision", indique le Quai d'Orsay, précisant qu'aucun agent ou ressortissant français ne se trouvait dans l'enceinte de l'Institut.
Israël refuse toute "trêve temporaire" à Gaza sans "la libération des otages"
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit vendredi refuser "une trêve temporaire sans la libération des otages" enlevés le 7 octobre en Israël par le Hamas. Peu avant, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait affirmé avoir discuté avec M. Netanyahu de la possibilité de "pauses humanitaires" dans le conflit entre Israël et le Hamas afin de protéger les civils palestiniens et d'augmenter la distribution de l'aide. Selon l'armée israélienne, au moins 240 otages se trouvent toujours entre les mains du mouvement palestinien.
Israël exhorte ses ressortissants à ne pas se rendre à l'étranger "en raison de la montée de l'antisémitisme"
Israël a recommandé vendredi à ses ressortissants de ne pas voyager à l'étranger, évoquant "une augmentation significative de l'antisémitisme" dans le monde depuis le début de la guerre avec le Hamas le 7 octobre. Les autorités israéliennes "voient une augmentation significative de l'antisémitisme" et une "incitation" à celui-ci, ainsi que "des attaques qui peuvent mettre en danger la vie des Israéliens et de Juifs à travers le monde", a affirmé le Conseil israélien de la sécurité nationale à l'appui de sa recommandation.
Le Hamas annonce 14 morts dans une frappe israélienne sur des déplacés
Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé vendredi qu'au moins 14 Palestiniens avaient été tués dans un bombardement israélien alors qu'ils fuyaient le nord de la bande de Gaza en direction du sud du territoire. "L'occupation (Israël, NDLR) commet un nouveau massacre contre les civils déplacés. Quatorze personnes dont des femmes et des enfants sont tombées en martyrs", a indiqué le porte-parole du ministère, Ashraf al-Qidreh, dans un message à la presse.
Selon des témoins, la frappe a eu lieu sur la route côtière d'Al-Rachid reliant le nord au sud de la bande de Gaza. Sur une vidéo circulant sur les réseaux sociaux et dont l'AFP n'a pas été en mesure de vérifier l'authenticité, on peut voir une dizaine de corps, certains ensanglantés, gisant par terre.
"Apporter de l'aide à ceux qui en ont désespérément besoin"
Ajoutant aux inquiétudes sur le sort de ces civils, Israël a commencé vendredi à renvoyer dans la bande de Gaza, malgré les bombardements, des milliers de travailleurs palestiniens qui étaient bloqués sur son sol depuis le 7 octobre. Arrivé en matinée, le secrétaire d'Etat américain a réaffirmé vendredi qu'Israël avait "le droit mais aussi l'obligation de se défendre", lors de sa deuxième tournée au Proche-Orient depuis le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre Israël et qui suscite des craintes d'un embrasement régional. Antony Blinken a aussi appelé "à protéger" les civils "pris sous les tirs" et à "apporter de l'aide à ceux qui en ont désespérément besoin".
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a également affirmé avoir discuté avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de la possibilité de "pauses humanitaires" dans le conflit entre Israël et le Hamas afin de protéger les civils palestiniens et augmenter la distribution de l'aide.
"Pertes douloureuses"
En visite jeudi sur une base militaire près de Tel-Aviv, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'était félicité de "succès impressionnants" sur le terrain, mais avait aussi reconnu que l'opération était "difficile" et qu'Israël enregistrait des "pertes douloureuses". La branche armée du Hamas avait prévenu jeudi que "Gaza constituerait une malédiction pour Israël" et que les Israéliens devaient s'attendre à voir revenir des soldats "dans des sacs noirs".
L'armée, qui fait état de 332 soldats tués depuis le 7 octobre, mène depuis une semaine des combats au sol acharnés, accompagnés de bombardements, dans le nord de la bande de Gaza où se trouve la principale ville du territoire, afin d'y détruire les infrastructures du Hamas. Hamad Hamada, 28 ans, un habitant de la ville de Gaza, a survécu à un bombardement. "Il n'y a eu aucun avertissement, la maison a été visée par une frappe directe. Elle est entièrement détruite alors qu'elle abritait plus de trois familles", a-t-il raconté vendredi à un journaliste de l'AFP. "Trois enfants d'une même famille ont été sortis, les dégâts sont énormes et tous les autres habitants sont encore sous les décombres", a-t-il ajouté.
Des flots de travailleurs exténués
Vendredi, des flots de travailleurs palestiniens exténués ont commencé à traverser le poste-frontière de Karem Abou Salem (appelé Kerem Shalom du côté israélien), entre Israël et la bande de Gaza, à la pointe sud-est du petit territoire. Certains affirment ne pas savoir s'ils y ont encore une famille ou une maison. "Ca fait 25 jours qu'on est en prison et aujourd'hui on nous a amenés ici, on ne sait pas du tout ce qui se passe à Gaza", confie à un journaliste de l'AFP Nidal Abed, vêtu d'un T-shirt noir. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit "profondément inquiet" du renvoi de ces travailleurs "malgré la gravité de la situation" dans le territoire palestinien.
Jeudi, selon l'ONU, 60 Palestiniens blessés ainsi que quelque 400 étrangers avaient pu quitter Gaza vers l'Egypte via le poste-frontière de Rafah, seule fenêtre sur le monde pour le territoire. Le poste-frontière devait rouvrir vendredi. La visite de Anthony Blinken intervient à un moment où les craintes d'un embrasement sont au plus haut. Le secrétaire d'Etat doit se rendre aussi en Jordanie, un pays arabe signataire d'un traité de paix avec Israël mais dont les relations avec ce pays se sont tendues depuis le 7 octobre. Le président américain Joe Biden s'était dit mercredi favorable à une "pause" dans la guerre, même si Washington ne soutient pas les appels à un cessez-le-feu.
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A la frontière israélo-libanaise, les accrochages armés quotidiens ont fait 72 morts dans le sud du Liban depuis le 7 octobre, selon un décompte de l'AFP, dont 54 combattants du Hezbollah. Huit soldats et un civil ont été tués du côté israélien, selon les autorités. Le discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prévu à 13H00 GMT lors d'une cérémonie pour honorer les "martyrs" du mouvement, est attendu avec appréhension dans la région. La guerre a aussi exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où plus de 140 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne.
Alors que de nouvelles manifestations étaient attendues après la prière du vendredi, des centaines de personnes se sont réunies à Ramallah en soutien à Gaza, devant des haut-parleurs crachant des chants nationalistes, selon des images de l'AFP. Des milliers de personnes ont aussi manifesté à Amman.