Deux jours après le scrutin de la présidentielle américaine qui oppose Joe Biden à Donald Trump, le nom du gagnant se fait toujours attendre. L'ancien vice-président de Barack Obama, aux portes de la Maison-Blanche, mène la course aux 270 grands électeurs. Mais plusieurs États doivent encore finir le dépouillement avant de savoir qui va s'asseoir derrière le bureau ovale pour les quatre prochaines années.
Donald Trump a lancé plusieurs recours, soit pour faire recompter les voix, soit pour faire arrêter le dépouillement des bulletins par correspondance. Les résultats définitifs du dépouillement notamment en Géorgie et dans le Nevada se font toujours attendre.
De son côté, conforté par une avance confortable, Joe Biden a déclaré jeudi soir n'avoir "aucun doute" sur sa victoire une fois que tous les résultats seront connus.
Les principales informations à retenir
- Le scrutin, très serré, pourrait connaître aujourd'hui son épilogue
- Les résultats notamment de la Géorgie (16 grands électeurs) et du Nevada (6) sont attendus
- Joe Biden mène la course avec 264 grands électeurs, contre 214 pour Donald Trump
- Six États n'ont pas encore communiqué le résultat définitif de leur dépouillement
Des résultats importants dans les heures qui viennent
Sur les cinq États qui n'ont pas encore livré le résultat de leur dépouillement, sans compter l'Alaska, (aucun démocrate ne s'y est imposé depuis des décennies et l'issue du scrutin n'y fait aucun doute). La stratégique Géorgie (16 grands électeurs) devait livrer son verdict jeudi, tout comme le Nevada (6), mais les chiffres définitifs se font toujours attendre.
Dans la très disputée Pennsylvanie (20), il reste environ 750.000 bulletins à dépouiller, tous arrivés par courrier. L'avance confortable de Donald Trump s'est réduite mercredi mais il conservait toujours 160.000 voix de plus que son rival jeudi matin (50,7% contre 48,2% pour Joe Biden). Les autorités locales espèrent être en mesure de terminer le dépouillement d'ici vendredi. Vers 17 heures ce jeudi, l'actuel président a annoncé sur Twitter une "big legal win" dans cet État. Une information qui n'est pas encore confirmée à ce stade.
Quant à la Caroline du Nord (15), 95% des votes ont été comptabilisés dans cet Etat du Sud-Est traditionnellement républicain. Avantage pour l'heure à Donald Trump (50,1%) sur Joe Biden (48,7%), soit une avance d'environ 77.000 suffrages. Mais les votes par correspondance envoyés au plus tard le jour de l'élection - le 3 novembre - y sont acceptés s'ils arrivent dans les neuf jours suivants.
Enfin en Arizona, les autorités locales ne pensent pas être en mesure de finaliser le dépouillement avant vendredi probablement.
Joe Biden fait la course en tête devant Donald Trump
Après avoir remporté deux victoires cruciales dans le Wisconsin et le Michigan mercredi soir, Joe Biden est désormais aux portes de la Maison-Blanche. Le candidat démocrate a, jeudi en début d'après-midi, 253 ou 264 grands électeurs acquis à cause, selon que l'on inclut ou non l'Arizona (11 grands électeurs), considéré comme gagné par deux médias (l'agence AP et Fox News), mais pas par les autres qui estiment l'issue encore incertaine, en raison du nombre de bulletins restant à compter et du resserrement observé ces dernières heures.
Selon les deux cas de figure, il n'a plus besoin que de six ou 17 grands électeurs pour atteindre le nombre requis de 270. Pour rappel, pour être élu, l'un des deux candidats doit obtenir la majorité des 538 grands électeurs mis en jeu, soit une majorité fixée à 270 grands électeurs.
Donald Trump lance des recours, la tension palpable entre les deux camps
Le camp Trump, qui attend fébrilement les résultats, a multiplié les recours. Il a ainsi demandé un recomptage des voix dans le Wisconsin et a également déposé un recours en justice pour obtenir la suspension du dépouillement dans l'Etat-clé de Pennsylvanie, où il devance d'une courte tête Joe Biden selon des résultats partiels. "Nous agissons en justice pour suspendre le dépouillement en attendant plus de transparence", a écrit son directeur de campagne Bill Stepien dans un communiqué.
"Arrêtez de compter!" a tweeté en lettres capitales jeudi après-midi le président des Etats-Unis, qui voit les chances d'un second mandat s'amenuiser au fur et à mesure que des caisses de bulletins de vote envoyés par la poste, majoritairement favorables à Joe Biden, sont comptés.
STOP THE COUNT!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 5, 2020
Quelques minutes plus tard, celui qui est toujours pour l'heure président a lancé un nouveau tweet, dans lequel il explique qu'il lancera un recours pour fraude dans tous les États remportés par son rival. Il affirme que les preuves de la fraude via les bulletins de vote par correspondance sont visibles "dans les médias". Un tweet que Donald Trump termine en affirmant qu'il va remporter cette élection. Ce message a été rapidement accompagné d'une note d'avertissment, produite par Twitter.
All of the recent Biden claimed States will be legally challenged by us for Voter Fraud and State Election Fraud. Plenty of proof - just check out the Media. WE WILL WIN! America First!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 5, 2020
Jeudi soir, le candidat démocrate a affirmé pour sa part n'avoir "aucun doute" sur sa victoire à la présidentielle. "Nous n'avons aucun doute sur le fait que lorsque le dépouillement sera terminé, la sénatrice" Kamala Harris, sa colistière, "et moi serons déclarés vainqueurs", a affirmé l'ancien vice-président lors d'une très brève allocution dans son fief de Wilmington, dans le Delaware, sans accepter de questions des journalistes.
PODCAST - (Ré)écoutez Mister President
Le politologue Olivier Duhamel vous raconte l'incroyable histoire des élections présidentielles américaines depuis 1948, de Truman à Obama, de Kennedy à Clinton en passant par les Bush, père et fils…
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L'OSCE accuse Donald Trump "d'abus de pouvoir flagrant"
Face aux accusations de fraude à cause des bulletins par correspondance, l’avocat Alan Dershowitz, qui a défendu Donald Trump lors de la procédure de destitution mais se présente comme un démocrate, juge que le scrutin n’est pourtant pas attaquable. "Il semblerait que ce soit l'élection la plus en règle qu'on ait jamais eue", affirmait ce spécialiste de la Constitution américaine ce jeudi matin sur Europe 1.
De leur côté, les observateurs électoraux internationaux de l'OSCE ont accusé jeudi Donald Trump "d'abus de pouvoir flagrant" pour avoir demandé l'arrêt du dépouillement des bulletins de vote avant la fin du processus. "Ce qui est vraiment troublant, c'est que le chef d'Etat américain a demandé la fin du décompte au milieu de l'apparat présidentiel de la Maison-Blanche, c'est-à-dire avec tous les insignes du pouvoir autour, en raison de sa prétendue victoire. C'était un abus de pouvoir flagrant", a dénoncé le député allemand Michael Georg Link, coordinateur des observateurs internationaux chargés de suivre ce scrutin.