L'Espagne retient son souffle. Dimanche, les indépendantistes catalans organisent un référendum d'autodétermination de leur région, en dépit de l'interdiction formelle de la justice et du gouvernement espagnol.
Des urnes saisies. Dimanche matin, des centaines de Catalans ont commencé à se masser devant les bureaux de vote à Barcelone et dans d'autres villes. A Barcelone, où une fine pluie tombait au petit matin, mais aussi plus au nord à Gérone, le bastion du président séparatiste catalan Carles Puigdemont ou à Figueras, la ville chère au peintre Dali, ils assuraient être là pacifiquement pour "protéger" les centres de vote. A l'heure théorique du début du vote, 9 heures, le ministère de l'Intérieur a annoncé que des urnes avaient été saisies dans plusieurs bureaux de vote. La police a par ailleurs encerclé le centre sportif ou doit voter le président régional, figure du mouvement indépendantiste, avant d'y saisir le matériel de vote.
À la mi-journée, des heurts entre manifestants et policiers ont éclaté. Les forces de l'ordre ont fait usage balles en caoutchouc, blessant au moins 92 indépendantistes, selon un bilan des services d'urgence dans l'après-midi. Le gouvernement régional catalan a quant à lui assuré dans la soirée que 844 personnes avaient sollicité une "assistance médicale" après les heurts. Le ministère de l'Intérieur a fait état de son côté de neuf policiers et de trois gardes civils blessés.
Des écoles occupées depuis vendredi. Depuis des semaines, Madrid tente d'empêcher le vote par des interventions de police et des poursuites en justice. Depuis vendredi soir, des dizaines d'écoles sont malgré tout occupées par les séparatistes, qui entendent les maintenir ouvertes pour qu'elles puissent servir de bureaux de vote. Les parents d'élèves jouent sur "le droit à organiser des activités" extra-scolaires, comme des pique-niques. Les dirigeants séparatistes ont assuré qu'ils disposeraient dimanche de 2.315 bureaux, dont 207 à Barcelone, pour ce référendum interdit par la Cour constitutionnelle, alors que les 7,5 millions de Catalans sont divisés à parts presque égales entre anti et pro-indépendance. Les anti ont, eux, annoncé leur intention de boycotter le scrutin.
Avec le face-à-face entre Madrid et les séparatistes en Catalogne, l'Espagne traverse l'une de ses pires crises depuis le rétablissement de la démocratie après la mort du dictateur Francisco Franco en 1975. Madrid a multiplié les mesures judiciaires et les opérations de police pour empêcher la consultation sans entamer la détermination des séparatistes au pouvoir en Catalogne depuis 2015.