Il lui aura fallu plus de deux mois pour reconnaitre la victoire de Joe Biden. Dans un communiqué publié jeudi, le président américain sortant Donald Trump a admis que son mandat était terminé et à promis une "transition ordonnée". Une déclaration écrite qui est intervenue quelques minutes seulement après la validation par le Congrès de la victoire de son rival. Une décision prise par la haute institution d'outre-Atlantique, après que des partisans de Donald Trump aient envahi mercredi ce temple de la démocratie américaine.
Ces violences, qui ont fait quatre morts, ont scandalisé aussi bien la classe politique internationale qu'américaine. Au lendemain de ces heurts, de nombreux appels à la destitution de Donald Trump ont été lancés. Joe Biden a lui dénoncé les "assauts" répétés du milliardaire républicain contre les institutions.
Les principales informations à retenir
- Les appels à la destitution de Donald Trump se multiplient
- Joe Biden a dénoncé les "assauts" du républicain contre les institutions
- Donald Trump a admis que son mandat était terminé et promet une "transition ordonnée"
- Le Congrès américain a validé la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine
- Ces violences ont fait quatre morts et suscité de vives condamnations dans le monde entier
Les appels à la destitution de Trump se multiplient
Au lendemain d'une journée de chaos qui a ébranlé l'Amérique, la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a affirmé jeudi qu'écarter Donald Trump du pouvoir était une "urgence de la plus haute importance". Elle a exhorté le vice-président Mike Pence à invoquer "immédiatement le 25e amendement de la Constitution pour déclarer Donald Trump "inapte" à gouverner, en disant espérer avoir sa réponse "aujourd'hui".
Premier républicain à sauter le pas publiquement, un élu de la Chambre, Adam Kinzinger, a appelé jeudi à suivre cette voie, inédite, "pour le bien" de la démocratie américaine. Donald Trump a "attisé les braises" de la violence, a-t-il accusé. Si le cabinet n'agit pas, a menacé Chuck Schumer, alors le Congrès devra lancer une procédure de destitution. Un groupe d'élus démocrates à la Chambre des représentants, contrôlée par leur parti, se préparaient jeudi matin à présenter des articles d'"impeachment".
Joe Biden accuse le républicain d'avoir "déchaîné un assaut contre les institutions"
Le président élu Joe Biden a de son côté accusé Donald Trump d'avoir "déchaîné un assaut sans merci contre les institutions" démocratiques américaines, jeudi lors d'une allocution télévisée. "Hier était à mes yeux l'un des jours les plus sombres de notre Histoire", a déploré Joe Biden, qualifiant ceux qui ont participé à ces troubles de "terroristes".
Le prochain président américain, qui s'installera à la Maison Blanche dans 13 jours, s'est dit convaincu que des manifestants antiracistes auraient été traités "très différemment" des partisans de Donald Trump qui ont semé le chaos à Washington la veille. "Ils auraient été traités très, très différemment que la foule hargneuse qui a envahi le Capitole. Nous savons tous que c'est vrai, et c'est inacceptable", a-t-il dénoncé depuis son fief de Wilmington.
Trump condamne les violences "de manière aussi ferme que possible"
La porte-parole de la Maison Blanche a affirmé jeudi que le président américain Donald Trump et son gouvernement condamnaient "de manière aussi ferme que possible" les violences qui ont eu lieu au Capitole mercredi.
"Je veux être claire : les violences dont nous avons été témoins hier au Capitole étaient effroyables, répréhensibles et contraires aux valeurs américaines", a déclaré Kayleigh McEnany lors d'une allocution extrêmement brève. "Le président et son administration les condamnent de manière aussi ferme que possible", a-t-elle ajouté.
Après plusieurs mois à refuser la victoire de son rival Joe Biden à la présidentielle américaine du 3 novembre dernier, et à souffler sur les braises de la division en brandissant des théories du complot, Donald Trump avait reconnu un peu plus tôt jeudi que son mandat était terminé. Par ailleurs, le président, qui doit passer le pouvoir à Joe Biden le 20 janvier prochain, a promis qu'il quitterait la Maison-Blanche à cette date. "Même si je suis en complet désaccord avec le résultat de l'élection, et les faits me soutiennent, il y aura une transition ordonnée le 20 janvier", a-t-il écrit dans un communiqué.
Donald Trump a ensuite affirmé que "cela représente la fin de l'un des meilleurs premiers mandats présidentiels". Revanchard, il poursuit : "ce n'est que le début de notre combat pour rendre sa grandeur à l'Amérique." Une référence à son célèbre slogan "Make America Great Again".
Le Congrès américain valide la victoire de Biden à la présidentielle
Quelques minutes avant la reconnaissance de Donald Trump, le Congrès américain a certifié au cœur de la nuit la victoire de Joe Biden à la présidentielle, après le rejet d'objections émises par des élus républicains. Le vice-président républicain Mike Pence a certifié le vote de 306 grands électeurs en faveur du démocrate contre 232 à Donald Trump. Mais ce qui devait être une simple formalité a été fortement perturbé par certains supporters de Donald Trump.
Le Capitole envahi, une première depuis 1814
En effet, galvanisés par un discours très virulent du milliardaire républicain lors d'une manifestation de ses partisans sur une esplanade à proximité de la Maison-Blanche, les pro-Trump ont fait déraper la situation. Une heure après la déclaration offensive de leur champion, certains ont afflué vers le Capitole pour protester contre le processus de certification. Des bâtiments annexes sont alors évacués tandis que certains forcent les barrages des forces de l'ordre. La séance est interrompue et les deux chambres sont placées en confinement. Rapidement, les élus reçoivent la consigne d'enfiler des masques à gaz et de s'allonger au sol. D'autres sont enjoints à chercher un refuge, verrouiller les portes, en attendant une évacuation.
>> EN IMAGES -Intrusion des pro-Trump au Capitole : retour sur une journée qui a ébranlé la démocratie américaine
Des insurgés ont même pénétré dans le Capitole, brisant des vitres. Selon la US Capitol Historical Society, c'est la première fois que le Capitole a été envahi depuis que le bâtiment avait été incendié par les troupes britanniques en 1814. Le chaos s'installe : les policiers dégainent leurs armes et utilisent du gaz lacrymogène. Les manifestants se dispersent dans les couloirs. L'un d'entre eux scande depuis la tribune : "Trump a gagné l'élection".
Quatre morts
Pas moins de quatre personnes ont trouvé la mort dans ces violences au cœur de Washington DC, dont une femme qui a succombé à ses blessures avoir s'être fait tirée dessus par "des agents en uniforme de la police du Capitole". Elle a été déclarée morte après son transfert à l'hôpital, et une enquête a été ouverte. Par ailleurs, trois autres personnes - une femme et deux hommes - sont mortes aux alentours du Capitole "d'urgence médicale distincte". Pour l'heure, on ne sait pas s'il s'agissait de participants aux manifestations. Les causes de leurs morts ne pourront pas être établies avant leur examen par un médecin légiste.