Au lendemain de l’assassinat ciblé du puissant général iranien Qassem Soleimani par un raid américain, les appels au calme se multiplient sur la scène internationale. Tous craignent un embrasement dans cette région à l’équilibre fragile et l’Iran a déjà promis de venger l’homme fort du régime. En Irak, où le général a été abattu à Bagdad, les habitants ont manifesté leur joie tout en craignant les représailles. Gwendoline Debono, envoyée spéciale pour Europe 1, s’est rendue sur la place Tahrir, où les manifestants réclament depuis trois mois moins d’ingérence iranienne.
La joie sur la place Tahrir
A Bagdad, quand la nouvelle s’est répandue cette nuit, certains dormaient ou ne l’ont pas cru. Mais quand la mort du général Soleimani a été confirmée, les jeunes manifestants ont brièvement laissé éclater leur joie sur la place Tahrir. Un acte extrêmement dangereux là-bas, tant les milices iraniennes sont puissantes.
"C'est lui qui prenait toutes les décisions, qui était aux commandes. À cause de lui beaucoup de personnes ont été tuées, beaucoup d’enfants sont orphelins. C’est lui qui a fait qu’on a des centaines de martyrs dans nos rangs", confie Amar. "Alors oui quand on a entendu la nouvelle, on l’a célébré."
La crainte de représailles
Des manifestants soulagés, mais pas naïfs. Les jeunes sous ces tentes, sur cette place ont tous perdu des proches. Certains ont même été kidnappés par des milices pro-iraniennes, celles qui appellent aujourd’hui à prendre leur revanche. Sur les visages il n’y a donc pas de sourires, mais seulement de la fatigue et de l’inquiétude.
"J’ai peur et je ne suis pas heureux du tout. Ce qui est arrivé cette nuit en Irak c’est la conséquence de problèmes entre d’autres pays, et une guerre peut démarrer à cause de ça", se désole un homme. "Une guerre entre des pays qui vont se servir de l’Irak comme champ de bataille. Elle ne devrait pas impliquer l’Irak et son peuple, nous n’avons pas besoin d’une autre guerre, ni de plus de sang irakien qui coule."
Mais avant l’hypothèse d’une guerre régionale, il y a déjà l’instant présent. "Et à tout moment les miliciens ivres de rage d’avoir perdu leur chef peuvent descendre ici et nous abattre", craignent les Irakiens interrogés.