C'était un proche de Matteo Salvini. L'ex-secrétaire d'État italien aux transports Armando Siri, limogé le 8 mai, est visé par une enquête pour corruption et collusion mafieuse. Il serait intervenu pour protéger les intérêts d'une société spécialisée dans les énergies renouvelables. Si cette affaire renforce les soupçons de liens entre la Ligue du Nord et la mafia, soupçons que formule depuis plusieurs mois le journaliste Roberto Saviano, elle révèle également une évolution dans la criminalité organisée, alors que 5 milliards d'euros ont été saisis à la mafia en Italie l'an dernier.
L'image du parrain qui fait régner la peur arme au poing semble avoir vécu. Désormais, les mafieux italiens misent sur les gros flux financiers. Ils investissent dans des sociétés de paris en ligne basés à Malte, dans des opérations de trading entre l'Italie et la Croatie... Et dans la mozzarella, comme le révélait récemment une enquête du Süddeutsche Zeitung. Les Italiens appellent cela la bourgeoisie mafieuse.
Naples et la Sicile perdent du terrain
Symbole de cette préférence pour la délinquance en col blanc, les barons paraissent délaisser le sud de l'Italie. Naples et la Sicile perdent du terrain au profit du Nord. Fabrice Rizzoli, auteur de La Mafia de A à Z, confirme que le business y est bien plus juteux. "Comment Milan, capitale économique de l'Italie, à deux pas de la Suisse, pourrait-elle être épargnée ? Toutes les sociétés d'import-export sont basées à Milan. Quand les mafieux sont allés dans le Nord de l'Italie et qu'ils ont commencé à corrompre les élus des conseils municipaux, les banquiers, ils n'ont pas trouvé de résistance", explique-t-il.
La prise de conscience est lente, mais la formation des magistrats commence à porter ses fruits. C'est ainsi que certaines affaires de délinquance financière aboutissent. Les juges anti-mafia du nord commencent à se spécialiser dans ce domaine, là où, depuis plus de trente ans, leurs confrères du Sud confisquent des biens mal-acquis à tour de bras.