L'Azerbaïdjan a dépensé 2,5 milliards d'euros entre 2012 et 2014 en particulier pour s'attacher des soutiens à l'étranger, notamment au Conseil de l'Europe. C'est ce que révèle mardi l'enquête de journaux européens sur la "diplomatie du caviar" menée par ce pays pétrolier du Caucase. Cette enquête intitulée "Laundromat" ("Lessiveuse"), menée conjointement par l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et une dizaine de journaux dont le français Le Monde, décortique plus de 16.000 transactions passées pour ce montant.
Des sociétés dissoutes. Selon Le Monde, ces transactions qui "forment sans doute seulement la partie émergée de l'iceberg" ont été effectuées, notamment via la filiale estonienne de la Danske Bank, par "quatre sociétés domiciliées au Royaume-Uni et secrètement liées au régime azerbaïdjanais". Ces quatre sociétés ont été dissoutes, précise le Guardian, ajoutant que la Danske Bank avait indiqué en mars que les procédures anti-blanchiment étaient insuffisantes à l'époque en Estonie mais qu'elle avait pris "les mesures nécessaires pour y remédier".
"Faire taire les critiques". L'étude des relevés de ces transactions dévoile un système servant à "blanchir des fonds à la provenance douteuse, à financer le train de vie des caciques du régime et à acheter moyennant espèces sonnantes et trébuchantes des amitiés à l'étranger", poursuite Le Monde. Selon le quotidien français, l'Azerbaïdjan cherche des soutiens dans son conflit avec l'Arménie sur le Haut-Karabakh mais surtout à "faire taire les critiques sur la répression politique orchestrée par le clan du président Ilham Aliev, au pouvoir depuis quatorze ans".
Enquête en cours au Conseil de l'Europe. D'anciennes figures de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, spécialisé dans la défense des droits de l'homme, figurent selon le journal parmi les bénéficiaires des largesses de cette république du Caucase issue de l'éclatement du bloc communiste en 1991. En juin, le Conseil de l'Europe a nommé trois experts pour enquêter sur des allégations de corruption visant certains de ses membres ou ex-membres, soupçonnés d'avoir été "achetés" par Bakou en échange de leur vote négatif contre un rapport (largement rejeté par les élus européens) dénonçant la situation des prisonniers politiques en Azerbaïdjan. Le résultat de leurs travaux est attendu pour fin 2017, selon Le Monde.