Quand on pense aux Maldives, on pense palmiers, sable blanc, mer turquoise... Mais pas terrorisme. Quelques jours après l'attaque commise sur l'une des 1.200 îles de l'archipel par deux terroristes à moto, qui ont blessé trois touristes au nom de l'État islamique, Europe 1 s'est rendue sur place, en pleine saison touristique, pour enquêter sur la face cachée de la carte postale.
La sécurité, un sujet tabou
"La beauté des paysages, le bien être...", telles sont les raisons évoquées par Virginie, une touriste rencontrée par Europe 1, sur sa présence aux Maldives. Comme elle, 45.000 Français ont choisi l'archipel comme destination de vacances l'an dernier. "Je ne sais pas ce qu’il se passe à Malé (la capitale, ndlr) mais là où on est, on se sent complètement en sécurité."
Aucun des touristes rencontrés par Europe 1 n'a entendu parler de l'attaque commise au début du mois, ni de la vigilance renforcée par le Quai d’Orsay. Et pour cause : aux Maldives, aucun dispositif de sécurité n'est visible, à l'image de l'absence de patrouille armée dans les rues de Malé. Dans les hôtels non plus, aucune mesure particulière n'est prise et tout le monde fait comme si de rien n’était. Le sujet semble même être tabou : aucun des hôteliers contactés n’a souhaité nous répondre.
" Pourquoi est-ce qu'on essaierait de ruiner ou d'altérer la belle image du pays ? "
"Il n’y a aucune réaction des hôteliers pour parer à d’éventuelles attaques futures", accepte de nous expliquer Anna, employée dans le secteur du tourisme. "Je pense qu'honnêtement, les hôteliers espèrent – mais c’est une prise de risque monumentale, c’est un peu comme si on jouait à la roulette russe – qu’il ne se passe pas de drame ici aux Maldives. Tout le monde est prêt à courir des risques parce que c’est la poule aux œufs d’or", assène-t-elle. "Pourquoi est-ce qu’on essayerait de ruiner ou d’altérer la belle image de ce pays ?"
1.400 personnes radicalisées dans l'archipel
Parce que le tourisme, c’est LE poumon économique des Maldives, constitutif d'un tiers de ses revenus. Pour le pays qui doit veiller à son image, il est essentiel de se montrer rassurant. Pourtant, sur le fond, la menace est réelle : quelque 1.400 personnes radicalisées sont éparpillées dans l’archipel, surveillées par les services de renseignement. Mais ceux-ci ne semblent pas très préparés à l'hypothèse d'une attaque sur cette île-hôtel.
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"S’il se passe quelque chose, nous avons des forces de police déployées sur tout le pays dans plus d’une centaine d’îles, dans chaque atoll", affirme à Europe 1 le chef adjoint de la police, Abdul Mannan Yoossuf. "Ils peuvent intervenir dans une île-hôtel, disons... en vingt minutes, pas plus. Les hôteliers collaborent aussi avec la police pour surveiller, contrôler leurs employés." Et le responsable de miser sur ces mesures préventives : "Nous pensons que ces contrôles nous aideront à identifier le risque que quelqu’un commette quelque chose que nous ne voulons pas dans un hôtel."
Les dispositifs de sécurité existent donc bel et bien aux Maldives, mais suffisent-ils ? Tout le monde croise les doigts, sachant que l'archipel connaît un vrai phénomène de radicalisation. Rapportés à leur population, les djihadistes maldiviens sont l’un des plus gros contingents en Syrie - comme si 70.000 Français étaient partis là-bas, proportionnellement. Un centre de déradicalisation doit bientôt y ouvrir pour ceux qui vont rentrer.