Les élections municipales et régionales dimanche en Espagne ont tourné au vote sanction pour le gouvernement de Mariano Rajoy (Parti populaire, droite). Le scrutin a été marqué par un véritable séisme politique avec la très forte poussée des listes issues du mouvement des "indignés", où l'antilibéral Podemos a globalement confirmé sa troisième place. Les "indignés" sont ainsi proches de remporter Madrid et Barcelone, les deux plus grandes villes du pays. Le parti populaire (PP), s'il devrait rester la première force politique, réalise son pire score depuis 1991.
Des résultats qui annoncent la fin du bipartisme. Après le dépouillement de la quasi totalité des suffrages, le PP du chef du gouvernement Mariano Rajoy aurait recueilli 27% des voix au niveau national, soit un recul de plus de dix points par rapport aux précédentes élections locales, il y a quatre ans. Selon ces résultats, il devancerait d'un point les socialistes du PSOE (25,5%). A elles deux, les grandes forces politiques espagnoles ne pèsent plus que 52% des voix, contre 65% aux régionales et municipales de 2011.
Les "indignés" en tête à Barcelone, deuxièmes à Madrid. A Barcelone, la liste de la militante anti-expulsions Ada Colau est arrivée en tête devant celle du maire sortant. Elle a obtenu onze sièges contre dix pour celui-ci et pourrait bien devenir la première maire "indignée" du pays. La mairie de Madrid, fief de la droite depuis les années 1990, pourrait elle aussi basculer. Dans la capitale, la liste "Ahora Madrid" de Manuela Carmena, comprenant notamment Podemos, est deuxième après celle du Parti populaire (20 conseillers contre 21 conseillers) mais pourrait gouverner avec l'appui du Parti socialiste (neuf sièges).
Un paysage politique recomposé. Les percées attendues de Podemos ("Nous pouvons"), la formation de gauche anti-austérité issue du mouvement des Indignés en 2011, et de Ciudadanos (les Citoyens), parti du centre engagé contre la corruption, ont donc bien eu lieu. Ciudadanos arrive en troisième position avec 6,55% des suffrages alors que Podemos, qui avait opté pour des alliances avec des mouvements et collectifs citoyens, n'apparaît pas en tant que tel dans les résultats compilés par le ministère. Leur installation dans le paysage politique consacre la fragmentation de l'électorat espagnol et augure d'élections législatives compliquées cet automne.