Joe Biden à la rescousse du droit à l'avortement. "Je crois que le droit des femmes à choisir est fondamental", a-t-il rappelé dans un communiqué, appelant les électeurs à "choisir des candidats favorables" au droit d'avorter lors des élections de mi-mandat en novembre, au cours desquelles le camp au pouvoir est traditionnellement défait. "Le Congrès doit protéger l'accès à l'avortement", a abondé sur Twitter l'élu démocrate de la Chambre des représentants Jake Auchincloss. "Adoptons la loi pour la protection de la santé des femmes pour inscrire dans la loi les protections de Roe v. Wade le plus vite possible", a renchéri son collègue du Sénat Tim Kaine.
"Toute une série" d'autres droits pourraient également être menacés, a averti Joe Biden plus tard dans la journée.
Le camp conservateur se félicite
Côté républicain, on se félicitait mardi d'une décision vue comme une immense victoire rendue possible par le profond remaniement de la Cour lors du mandat de Donald Trump, qui a remplacé trois de ses membres et fait lourdement pencher la balance côté conservateur avec six juges contre trois progressistes.
Si elle était avérée, la haute cour devant rendre son arrêt d'ici fin juin, cette décision serait "une réponse à (nos) prières", a ainsi tweeté l'élue Jackie Walorski. La très conservatrice élue de Géorgie Marjorie Taylor Greene s'est elle aussi projetée vers les prochaines échéances électorales, appelant un "Congrès contrôlé par les républicains" à adopter une loi reconnaissant au fœtus des droits équivalant à ceux d'une personne déjà née.
Un arrêt jugé "totalement infondé"
Selon le texte publié lundi soir par Politico, la plus haute instance judiciaire dans le pays s'apprêterait à annuler son arrêt historique "Roe v. Wade", datant de 1973, et garantissant à chaque femme le droit constitutionnel d'avorter même dans les Etats les plus conservateurs. Le chef de la Cour suprême a ordonné une "enquête" sur l'origine de la fuite de ces documents. Dans un communiqué, il a également confirmé que le document est "authentique" mais pas "final".
Cet arrêt "Roe v. Wade" était "totalement infondé dès le début", écrit le juge conservateur Samuel Alito dans cet avant-projet de décision qui, fait rarissime, a fait l'objet d'une fuite. "Nous estimons que Roe v. Wade doit être annulé" et que le droit à l'avortement "n'est protégé par aucune disposition de la Constitution", écrit Samuel Alito dans ce document de 98 pages censé pouvoir être négocié jusqu'au 30 juin.
Une moitié des États contre l'avortement
"La Constitution n'interdit pas aux citoyens de chaque État de réglementer ou d'interdire l'avortement", estime-t-il. Si cette conclusion est bien retenue par la Cour, les États-Unis reviendront donc à la situation d'avant 1973, quand chaque Etat était libre d'interdire ou d'autoriser l'avortement.
Compte tenu des fractures sur le sujet, une moitié des États, surtout dans le Sud et le centre conservateurs et religieux, devraient rapidement le bannir. La Cour suprême avait envoyé depuis septembre plusieurs signaux favorables aux opposants à l'avortement. Elle avait refusé d'empêcher l'entrée en vigueur d'une loi du Texas limitant le droit à avorter aux six premières semaines de grossesse, contre deux trimestres dans le cadre légal actuel.
Puis, lors de l'examen en décembre d'une autre loi restrictive, du Mississippi cette fois, une majorité de ses juges avaient clairement laissé entendre être prêts à grignoter voire annuler Roe v. Wade.
Le vote final du président de la Cour encore inconnu
Selon Politico, qui cite une personne ayant connaissance des délibérations de la Cour, quatre autres juges conservateurs, Clarence Thomas, Neil Gorsuch, Brett Kavanaugh et Amy Coney Barrett, se sont rangés du côté de Samuel Alito. Les trois juges progressistes travaillent à un argumentaire de désaccord et le vote final du président de la Cour, John Roberts, reste inconnu.
Interrogée par l'AFP, la Cour a refusé de commenter. Plus d'une centaine de manifestants, opposés à la décision ou venus la saluer, s'étaient rassemblés devant la Cour suprême mardi matin, séparés par des barrières. La veille, des gouverneurs démocrates de plusieurs Etats dont la Californie, le Nouveau-Mexique et le Michigan, avaient annoncé vouloir consacrer la légalité du droit à l'avortement même si la Cour annulait "Roe v. Wade".
"Nous ne pouvons faire confiance à (la Cour suprême) pour protéger le droit à l'avortement donc nous le ferons nous-mêmes", a indiqué le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom. "Les femmes resteront protégées ici."