La séparation des enfants migrants de leurs parents a commencé aux États-Unis dès 2017, bien avant de faire scandale, et a concerné "des milliers" de mineurs de plus qu'estimé jusqu'ici, selon un rapport officiel publié jeudi. Faute de base de données centralisée, le nombre d'enfants concernés au total par cette politique reste toutefois "inconnu", selon ce rapport des services de l'inspecteur général du ministère de la Santé.
Un tollé jusque dans les rangs républicains. Le gouvernement du président Donald Trump avait décrété au printemps une politique de "tolérance zéro" envers l'immigration illégale qui avait conduit à la séparation de nombreuses familles. Les drames vécus par ces familles ont suscité un tollé jusque dans les rangs républicains. En juin, le milliardaire républicain avait ordonné d'y mettre un terme, et le 28 juin, un juge avait ordonné de réunir les familles divisées. Les autorités ont ensuite identifié un peu plus de 2.700 enfants à réunir avec leurs parents. La grande majorité d'entre eux les ont bien retrouvés.
"Des milliers d'enfants" jamais comptabilisés. Mais, selon les auteurs du rapport, les séparations des familles avaient commencé à augmenter dès l'été 2017. "Des milliers d'enfants séparés" étaient passés par les structures dédiées aux mineurs étrangers isolés avant la décision de justice, selon ce rapport. Comme ils n'étaient plus en rétention à la date du 28 juin, ils n'ont jamais été comptabilisés. Quant à ceux qui se trouvaient toujours dans les centres d'accueil à cette date, les autorités ont eu du mal à les recenser. Faute de système centralisé, il leur a fallu se pencher dans 60 bases de données différentes et une première liste contenait 3.600 noms, selon ce rapport.
Près d'un millier ont été rayés pour arriver à la liste officielle, notamment parce qu'il s'agissait d'enfants récemment sortis des centres d'accueil, ou parce qu'ils avaient été séparés d'autres membres de leur famille (frère, soeur, oncle...) mais pas de leurs parents. Depuis cet été, l'administration tient mieux ses comptes: 118 enfants, âgés de 1 à 17 ans, ont encore été séparés de leurs parents à la frontière entre juillet et novembre, notamment parce que ces derniers ont été visés par des poursuites criminelles.
"Un étalement de cruauté". Réagissant à la publication de ce rapport, le sénateur démocrate Cory Booker a réclamé jeudi soir sur Twitter la démission de la ministre à la Sécurité intérieure Kirstjen Nielsen, en ressortant un tweet de la responsable politique datant de juin 2018. Celle-ci affirmait alors qu'aucune "politique de séparation des familles à la frontière" n'était en place. "Non seulement c'était un mensonge", mais la publication de ce rapport montre que "plus on creuse, pire c'est", s'est désolé Cory Booker. "Nous n'avons vu qu'un étalement de cruauté et d'incompétence de la part de la secrétaire à la Sécurité intérieure Nielsen - elle doit démissionner", a-t-il déclaré.
Not only was this a lie – today's shattering government watchdog report on family separation shows the more we dig, the worse it is. We've seen nothing but a horrifying display of cruelty and incompetence from DHS Secretary Nielsen – she needs to resign. https://t.co/oXfLiNgQuR
— Cory Booker (@CoryBooker) 18 janvier 2019
Si le président Trump a fait de la lutte contre l'immigration illégale une de ses priorités, ses décisions ont rencontré une certaine opposition, parfois de la justice. Son souhait de voir un mur érigé à la frontière se heurte aujourd'hui au veto de l'opposition démocrate et est responsable du plus long "shutdown" (paralysie partielle des administrations fédérales) de l'histoire américaine.