Lâcher des moustiques génétiquement modifiés dans la nature pour combattre la propagation du paludisme, du Zika et d'autres infections transmises par ces insectes, est prématurée, conclut un rapport des Académies américaines des sciences (NASEM). Mais il reconnaît par ailleurs que cette technologie est prometteuse.
Comment ça marche ? Ces moustiques modifiés génétiquement "nécessitent davantage de recherche en laboratoire et des essais dans la nature extrêmement contrôlés", soulignent les scientifiques auteurs de ce rapport. La stratégie, qui consiste à introduire des gènes dans les populations de moustiques sauvages, les rendent résistants à une infection par la Plasmodium, le parasite du paludisme, ou par le virus du Zika ou de la dengue.
Une modification transmise entre générations. Des scientifiques partout dans le monde exploitent un nouvel outil d'édition génétique appelé CRISPR inspiré d'un mécanisme naturel utilisé par les bactéries pour se défendre contre les virus. Avec CRISPR, les chercheurs peuvent aisément et à faible coût induire des changements génétiques spécifiques dans un organisme. Ces modifications peuvent en principe être disséminées intentionnellement dans l'ensemble d'une population et ce rapidement avec la technique du "gene drive" qui permet à ce trait génétique d'être transmis d'une génération à l'autre, et de devenir en fait héréditaire.
Des insectes nuisibles hyperrésistants ? Des résultats préliminaires montrent qu'en laboratoire cette technique peut disséminer un gène dans près de 100% d'une population de levure, de mouches drosophiles ou de moustiques. Mais cette technique du "gene drive" pourrait aussi avoir des conséquences inattendues néfastes comme la perturbation d'autres espèces ou la création d'organismes invasifs nuisibles ultra résistants, mettent en garde les auteurs du rapport. "Avant de mettre dans l'environnement de tels organismes OGM, notre comité de scientifiques estime qu'il faut faire beaucoup plus de recherche pour en comprendre les conséquences scientifiques, éthiques et sociales", insiste-t-il, tout en reconnaissant que cette technique peut répondre à des problèmes de santé publique.