Un juge fédéral américain a bloqué mercredi, pour l'ensemble des États-Unis, la deuxième version du décret anti-immigration de Donald Trump, infligeant un nouveau revers judiciaire au président républicain sur une de ses mesures phares.
"Animosité religieuse". À quelques heures seulement de l'entrée en vigueur du nouveau texte, qui avait pourtant été expurgé de ses éléments les plus contestés, le magistrat de Hawaï Derrick Watson a expliqué dans son jugement que la suspension temporaire du décret éviterait un "préjudice irréparable". Le juge s'appuie notamment sur plusieurs déclarations de Donald Trump à l'égard des musulmans pour conclure que le décret comporte "des preuves significatives et irréfutables d'animosité religieuse".
Le texte controversé, qui bannit l'entrée des États-Unis aux ressortissants de six pays musulmans, devait entrer en vigueur mercredi à minuit, heure de Washington, soit jeudi 5 heures, heure de Paris.
"Abus de pouvoir sans précédent" de la part des juges. Ce nouveau revers n'a pas découragé Donald Trump, bien au contraire. "Nous allons nous battre (...). Nous irons aussi loin que nécessaire, jusqu'à la Cour suprême s'il le faut. Nous allons gagner", a lancé le président américain à Nashville, dans le Tennessee, au sud du pays, dénonçant "un abus de pouvoir sans précédent" de la part des juges.
Deux autres audiences se sont également déroulées mercredi sur les deux côtes américaines, donnant lieu à de vives joutes sur ce décret migratoire. À Greenbelt, ville du Maryland dans l'est des États-Unis, le juge Theodore Chuang avait été saisi par une coalition d'organisations de défense des libertés et des réfugiés, dont la puissante American Civil Liberties Union (ACLU), qui affirment que le décret vise de façon discriminatoire les musulmans. "Dans l'esprit (de Donald Trump), le danger associé aux musulmans et le danger associé aux réfugiés ne sont qu'un seul et même danger", a dénoncé Omar Jadwat, l'avocat de l'ACLU.
Une interdiction d'entrée sur le territoire qui fait toujours polémique. Le nouveau décret "ne fait aucune distinction entre les religions", a répliqué Jeffrey Wall, l'avocat du gouvernement. Le second décret bloqué prévoyait de fermer temporairement les frontières américaines aux réfugiés du monde entier et de suspendre l'octroi de visas durant 90 jours pour les ressortissants d'Iran, de Libye, de Syrie, de Somalie, du Soudan et du Yémen. Cette mesure, qui ne concerne plus l'Irak et qui exempte les détenteurs de visas et de "cartes vertes", sésame des résidents permanents, était pourtant atténuée par rapport au premier décret adopté le 27 janvier.
Celui-ci avait brusquement semé le chaos dans les aéroports et suscité des réactions outrées à l'étranger. Son application avait été bloquée le 3 février. James Robart, le juge de Seattle auteur de cette décision, a entendu à nouveau les parties mercredi, lors d'une troisième audience sur la mesure la plus polémique qu'a prise Donald Trump depuis son installation à la Maison-Blanche.