Onze personnes ont été tuées et six blessées, dont quatre parmi les forces de l'ordre, par un tireur qui a ouvert le feu samedi dans une synagogue de Pittsburgh, lors de l'attaque antisémite probablement la plus meurtrière jamais perpétrée aux États-Unis.
"Il ne doit y avoir aucune tolérance pour l'antisémitisme ou pour n'importe quelle forme de haine religieuse", a réagi le président Donald Trump, en dénonçant le climat de "haine" dans le pays et dans le monde. "Je vais aller à Pittsburgh", a déclaré le président américain sur le tarmac de l'aéroport de Murphysboro, dans l'Illinois, où il doit participer dans la soirée à un meeting en vue des élections législatives du 6 novembre.
L'auteur de la fusillade risque la peine de mort. Le tueur a fait irruption dans la synagogue lors d'une cérémonie organisée pour la naissance d'un enfant. Après une confrontation avec les forces de l'ordre, il a été appréhendé, placé en garde à vue et hospitalisé, ont indiqué des sources officielles. "C'est probablement l'attaque la plus meurtrière contre la communauté juive de l'Histoire des États-Unis", a estimé Jonathan Greenblatt, le directeur de l'Anti-defamation League, principale association de lutte contre l'antisémitisme du pays. Il sera poursuivi, entre autres, pour crime antisémite et risque la peine de mort, a indiqué le ministre américain de la Justice, Jeff Sessions, qui a également dénoncé un crime "extrêmement répugnant".
Six blessés dont quatre policiers. Le directeur de la sécurité publique de Pittsburgh Wendell Hissrich a précisé qu'il y avait en outre six blessés, dont quatre parmi les forces de l'ordre. Aucun enfant n'a été tué. "La scène est terrible à l'intérieur", a-t-il ajouté devant les caméras, visiblement très ému. "C'est l'une des pires scènes de crime sur laquelle je me sois rendu, et j'ai été sur des accidents d'avion", a-t-il confié. Le tireur a été identifié par les autorités comme Robert Bowers, 46 ans, auteur de messages antisémites sur les réseaux sociaux.
"Tous les juifs doivent mourir". Robert Bowers s'est introduit vers 10h, heures locales, dans la synagogue "Arbre de vie" (Tree of Life) où des fidèles étaient rassemblés pour le jour de repos juif du shabbat. Selon les médias locaux, il a alors crié: "Tous les Juifs doivent mourir". "Le service était en cours quand on a entendu un bruit lourd dans l'entrée", a raconté un membre de la congrégation, Stephen Weiss, au journal Tribune review. "J'ai reconnu le bruit d'une arme à feu", a ajouté ce fidèle de 60 ans, qui s'est immédiatement enfui.
Une synagogue fondée il y a 150 ans. La police a alors déployé d'importantes forces dans le quartier et appelé la population à rester chez elle. "Il y a un tireur dans la zone de Wilkins et Shady. Evitez le quartier", ont tweeté les services de sécurité publique de la ville. Peu après, la police a expliqué que l'auteur des tirs s'était rendu. La synagogue Tree of Life avait été fondée il y a 150 ans à Pittsburgh et elle se situe dans le quartier de Squirrel Hill, où bat le cœur de la communauté juive de cette grande ville de l'État de Pennsylvanie.
Un meeting maintenu mais des drapeaux en berne. Le président Trump, qui avait un temps envisagé d'annuler un meeting électoral prévu samedi en vue des élections législatives de mi-mandat du 6 novembre, a finalement décidé de le maintenir. "Nous allons y aller le cœur lourd, mais on y va", a-t-il déclaré à la presse. Il avait auparavant estimé que "quelque chose devait être fait" pour empêcher ce type de crime, proposant de renforcer la législation sur la peine de mort contre les auteurs d'attaques sur des lieux de culte.
Donald Trump a ordonné que les drapeaux américains soient mis en berne jusqu'au 31 octobre en signe de "respect solennel" pour les victimes. Cela concerne les drapeaux à la Maison-Blanche, sur les bâtiments publics, dans les camps militaires, dans les bases navales et sur les navires de guerre.
Une hausse des attaques antisémites sur le sol américain en 2017. Cette attaque intervient dans un climat très tendu aux États-Unis, tant dans le débat politique que dans la société. Au cours de la semaine écoulée, le pays avait été tenu dans l'angoisse par l'envoi de colis contenant des engins explosifs à des personnalités démocrates, tandis que le président républicain est régulièrement accusé de souffler sur les braises en employant une rhétorique de division.
Elle survient aussi alors que les États-Unis ont enregistré en 2017 une hausse des attaques à caractère antisémite avec quelque 1.986 incidents (harcèlement, vandalisme, agressions) sur l'année en hausse de 57% par rapport à 2016, selon l'Anti-defamation league. Mais les attaques très violentes contre les Juifs y sont très rares. La police de New York a de son côté fait savoir qu'elle renforçait la sécurité autour des lieux de culte de la ville, avec notamment des patrouilles supplémentaires.
Israël évoque une attaque "antisémite horrible"
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exprimé samedi sa solidarité avec les États-Unis et les victimes d'une attaque "antisémite horrible" de la synagogue de Pittsburgh. "Nous sommes solidaires avec la communauté juive de Pittsburgh. Nous sommes solidaires avec le peuple américain face à cette violence antisémite horrible", a déclaré Benjamin Netanyahu dans une vidéo publiée sur son compte Twitter.