Une sénatrice américaine, ex-militaire de carrière, a affirmé mercredi avoir été violée par un supérieur lorsqu'elle était dans l'armée, expliquant n'avoir pas dénoncé son agresseur car elle n'avait "pas confiance dans le système".
Une figure de l'armée de l'Air. Martha McSally, une républicaine de l'Arizona, a livré un témoignage poignant au début d'une audition de la commission de la Défense du Sénat, qui entendait des victimes d'abus sexuels dans l'armée. Ce combat est "profondément personnel", a affirmé l'élue de 52 ans, qui a passé 26 ans dans l'armée de l'Air. Elle a été la première femme à avoir piloté un avion de chasse au combat, puis commandé un escadron de combat.
"J'avais honte et j'étais désorientée". "Je suis aussi la rescapée d'une agression sexuelle dans l'armée, mais au contraire de tant de rescapées courageuses, je n'ai pas signalé avoir subi" cette agression, a-t-elle déclaré. "Je ne faisais pas confiance au système à l'époque. J'avais honte et j'étais désorientée".
Elle n'a pas révélé le nom de son agresseur, ni la date à laquelle les faits se seraient déroulés. "J'ai été pourchassée et violée par un officier supérieur", a-t-elle continué, expliquant avoir décidé de parler de ce traumatisme seulement des années plus tard.
Un témoignage mal accueilli par l'armée. À l'époque, les scandales d'abus sexuels s'accumulaient dans les forces armées, qui, selon la sénatrice, y apportaient "une réponse vraiment inadéquate". Elle a été "horrifiée" par la façon dont l'armée a réagi à son témoignage, et a assuré avoir failli démissionner "par désespoir", après 18 ans passés sous l'uniforme. "Comme d'autres victimes, je pensais que le système me violait une nouvelle fois", a expliqué Martha McSally, visiblement très émue. Elle a finalement choisi de ne "pas abandonner" et de devenir "une voix pour les femmes" dans l'armée, puis en politique.
Après avoir quitté l'armée avec le grade de colonel en 2010, Martha McSally a été élue à la Chambre des représentants, avant d'être nommée fin 2018 pour occuper le siège du sénateur John McCain, décédé quelques mois plus tôt. Elle a souligné la responsabilité de la hiérarchie militaire, demandant un changement de culture dans l'institution.
"Nous avons encore beaucoup de chemin à faire". À son entrée à l'école de l'armée de l'Air, en 1984, "les agressions et le harcèlement sexuel étaient courants et les victimes souffraient le plus souvent en silence", a-t-elle raconté. Pendant sa carrière, elle a vu de nombreuses "faiblesses dans les processus de prévention des agressions sexuelles, d'enquête et de jugement".
"Nous avons fait beaucoup de chemin pour stopper [ces agressions], mais nous avons encore beaucoup de chemin à faire", a mis en garde la sénatrice. "Je ne veux pas que les officiers de commandement échappent à leurs responsabilités. Il faut qu'ils rendent plus de comptes pour résoudre ce problème". Selon un rapport publié par le Pentagone en mai 2018, le nombre d'agressions sexuelles signalées a augmenté de 10% entre octobre 2016 et septembre 2017.
Un témoignage salué par d'autres élus. Le sénateur républicain Lindsey Graham a salué sa collègue, qui a eu "le courage de raconter son histoire". "J'espère que cela en aidera d'autres", a-t-il écrit sur Twitter. Une autre sénatrice républicaine et ancienne militaire, Joni Ernst, élue dans l'Iowa, avait également révélé en janvier qu'elle avait été violée alors qu'elle était à l'université.