Une association de défense des droits civils des musulmans américains a dit jeudi suivre de près des rapports d'incidents depuis la victoire du candidat républicain Donald Trump à l'élection présidentielle du 8 novembre. Elle rapporte les agressions de deux étudiantes portant le voile, des inscriptions racistes ainsi que des cas d'intimidation d'enfants d'immigrés.
Selon l'université d'État de San Diego, une étudiante portant un hijab (le voile islamique) a été agressée et volée mercredi. Les agresseurs auraient fait comprendre à leur victime qu'ils soutenaient Donald Trump, tout en proférant des insultes contre les musulmans, poursuit l'université dans un communiqué. L'université d'État de San Jose a pour sa part rapporté qu'un homme avait arraché le voile d'une femme marchant dans un parking. Sur les réseaux sociaux, nombre de personnes ont fait état de menaces et d'insultes contre des minorités proférées par des partisans supposés de Donald Trump.
"Banalisation de l'islamophobie". "C'est le résultat inévitable de la banalisation de l'islamophobie que nous avons observée ces derniers mois lors de la campagne présidentielle", a déclaré par téléphone Ibrahim Hooper, porte-parole du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR). "Malheureusement, il revient en réalité à Donald Trump de dénoncer ce type d'intolérance." Personne n'était disponible au sein de l'équipe de Donald Trump pour commenter l'information. Depuis sa victoire inattendue, mercredi, Donald Trump a lancé des appels à l'unité du peuple américain, qui tranchent avec nombre de propos polémiques tenus pendant sa campagne, notamment à propos des musulmans à qui il voulait fermer totalement l'entrée des États-Unis.
Un soutien de Donald Trump pris à partie. Pour le deuxième jour de suite, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes américaines contre le président élu. Des cas d'agressions subies par des partisans de Donald Trump ont également été rapportés. Dans une vidéo postée sur des réseaux sociaux, on voit au moins deux personnes s'en prendre à un homme à une intersection de rues pendant que d'autres crient : "Tu as voté pour Trump". Le porte-parole de la police de Chicago a confirmé que cet homme, âgé de 50 ans, avait été l'objet d'une agression mercredi à la suite d'une altercation, mais n'en a pas précisé la cause.
Les cas d'intimidation d'enfants issus des minorités en hausse. Parmi les images circulant le plus sur Internet après l'élection de Trump, on peut voir le slogan "Les vies noires ne comptent pas, ni vos votes" peint sur un mur en Caroline du Nord ou encore une croix swastika et la phrase "Rendre l'Amérique blanche à nouveau" inscrites sur un abri d'un terrain de baseball à New York. Lors d'une conférence de presse organisée à Washington, des associations de défense des droits civils ont également dit avoir été informées d'une hausse du nombre de cas d'intimidation d'enfants de minorités ethniques et religieuses.
Mark Potok, membre du groupe Southern Poverty Law Center, a dit ne pas avoir observé une telle augmentation du nombre de crimes de haine aux États-Unis depuis l'élection de Barack Obama en tant que premier président noir du pays en 2008. Une telle vague d'agressions était survenue en Grande-Bretagne dans les jours suivant la décision des électeurs britanniques, lors du référendum du 23 juin, de quitter l'Union européenne, a noté Mark Potok. "Je ne pense pas que cela va continuer pendant quatre années. Dans le cas du Brexit, cela s'était calmé après quelques semaines", a-t-il ajouté.