Entre 5.000 et 13.000 personnes auraient été sommairement exécutées dans la prison de Saydnaya, au nord de Damas, entre septembre 2011 et décembre 2015. C’est la conclusion d’un rapport d’Amnesty International publié le 7 février dernier. Selon l’ONG, une majorité d’entre eux étaient des civils, opposés au régime de Bachar al-Assad. "Tout est légal. Ce rapport est bâti sur des allégations !", se défend le président syrien, dans une interview exclusive accordée à Europe 1 et à nos confrères de TF1 jeudi matin.
"Ce rapport est bâti sur des allégations". "Amnesty International, c’est une organisation mondialement connue, il est honteux qu’elle se mette à bâtir un rapport sur la base de simples allégations", dénonce Bachar Al-Assad. "Si vous venez devant un tribunal dans votre pays, et vous en avez des tribunaux, vous avez un système judiciaire, est-ce que ce tribunal prendrait une quelconque décision sur la base d’allégations, ou est ce qu’il exigerait des preuves ? Ce rapport est bâti sur des allégations ! Pas un seul document ; pas une seule preuve", accuse-t-il, alors que l’ONG affirme se baser sur des entretiens réalisés avec 84 témoins, au nombre desquels des gardiens, des détenus et des juges. Pour lui, il s’agit d’"opposants et de déserteurs. C'est donc un rapport impartial", répète-t-il.
Autre argument avancé par Bachar al-Assad : la torture, illégale en Syrie, n’a lieu d’être quand la peine de mort, elle, est légale. "La question est : pourquoi torturer ? [...] Pour obtenir des informations ? Nous avons toutes les informations qu’il nous faut. Donc nous ne recourons pas à la torture. Ça ne fait pas partie de notre politique", assure le président syrien, interrogé par Fabien Namias et Michel Scott. "Si nous commettons de telles atrocités, cela fera le jeu des terroristes, et ils seront les gagnants. Or, il s’agit de gagner les cœurs dans la population syrienne. Si nous avions commis de telles atrocités, à n’importe quelle étape de ce conflit, nous n’aurions pas le soutien populaire que nous avons au bout de six ans", argue-t-il encore.
Un non "définitif" à la visite d’observateurs internationaux. Et de refuser la visite d’observateurs internationaux dans le pays. "Non, définitivement non !", lance-t-il. "C'est une question de souveraineté. [...] Est-ce que vous accepteriez, si vous le demandez à votre gouvernement, qu’une délégation syrienne soit envoyée chez vous pour enquêter sur les raisons pour lesquelles votre armée sous Sarkozy puis sous Hollande a attaqué les Libyens, et tué des dizaines ou des centaines de milliers d’entre eux ? Est-ce que nous pouvons aller enquêter sur l’argent que Sarkozy a reçu de Kadhafi ? C’est une question de souveraineté. Non, nous ne permettrons pas à Amnesty de venir ici. Sous aucun prétexte, ou pour quelque raison que ce soit."
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L'interview intégrale de Bachar al-Assadpar Europe1fr