"Des grands soldats". C'est ainsi que Jean-Yves Le Drian décrit Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, les deux membres du prestigieux commando marine Hubert tués samedi dans le nord du Burkina Faso lors d'une opération de libération de quatre otages, dont deux français. Pour autant, le ministre des Affaires étrangères, interrogé en exclusivité par Europe 1, ne remet pas en question la légitimité de l'opération Barkhane, menée par l'armée française au Sahel et au Sahara depuis 2014.
"Il faut maintenir la pression sur ces groupes"
"Quand on voit l'action de Serval (opération menée au Mali entre 2013 et 2014, ndlr), puis de Barkhane dans la zone, il faut se rappeler qu'en 2013, c'est le Mali tout entier qui était pris en otage. Pas deux personnes. Un pays entier, avec toute sa population", a souligné Jean-Yves Le Drian, samedi matin sur Europe 1. "Les djihadistes et les extrémistes avaient déjà commencé à imposer leur loi dans une partie de ce territoire, et quand Serval a pu libérer le Mali et aller jusqu'à Bamako, ça a été un immense soulagement pour les pays africains. Mais ça a été aussi pour la France un moyen de combattre les terroristes."
Alors que le groupe à l'origine de la prise d'otage des deux touristes français, enlevés au Bénin - un pays jusque-là épargné par 'l'insécurité en Afrique de l'ouest - n'a pas encore été identifié, Jean-Yves Le Drian a estimé que ce tragique épisode rappelait que "la menace a changé de forme". "Elle est devenue beaucoup plus mobile, et c'est maintenant plutôt les pays situés au sud du Mali qui sont les cibles. (...) Il faut maintenir la pression sur ces groupes, montrer aux uns et aux autres que la France considère que c'est sa sécurité qui est mise en cause par l'action des groupes terroristes", a-t-il insisté.
"Nous n'en avons pas fini avec le terrorisme"
"C'est pour ça qu'il faut que, dans l'état actuel des choses, Barkhane se poursuive, pour assurer cette sécurité", a poursuivi Jean-Yves Le Drian à propos de l'opération militaire, qui mobilise 4.500 soldats. Cette prise d'otages "nous démontre que nous n'en avons pas fini avec le terrorisme", a pointé le ministre. "Ce n'est pas parce que Daech a été éradiqué dans sa composante territoriale au Moyen-Orient que le terrorisme s'est tu. Il faut être d'une très grande vigilance, les poursuivre par les moyens militaires nécessaires."
"Nous aidons ces pays à mieux s'organiser pour assurer, à terme, leur propre sécurité", a conclu Jean-Yves Le Drian. "C'est vrai que Barkhane n'a pas vocation à rester éternellement dans la zone mais aujourd'hui le maintien des menaces nécessite cette présence."